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Le tour des dopés

J’avais les larmes au yeux en écoutant les confessions de Lance Armstrong le jeudi 17 janvier. Il n’y a rien de plus beau, de plus pathétique, qu’un grand sportif qui décide de dire la vérité après des années de soupçons, de déni, de menaces et de procédures judiciaires.

Personnellement, cet aveu je ne l’avais vraiment pas vu venir. Entre les contrôles positifs depuis 1999 dévoilés dans un article de L’Équipe en 2005, les procédures judiciaires sans fin de l’Agence de dopage des État-Unis contre Armstrong, et de la décision par la Fédération française de cyclisme en août dernier d’enlever à Armstrong ses sept victoires du Tour de France, je pensais sincèrement que tout allait bien, que c’était la trajectoire normale d’un sportif de haut niveau.

Difficile de me blâmer, tellement d’autres athlètes ont pris cette voie ! Comme des milliers de personnes moi aussi j’ai vraiment cru au mythe Armstrong. Cette belle histoire ou un jeune sportif survit à un cancer du testicule, pour ensuite gagner, sans se doper, sept Tours de France.

La gloire, le succès, la belle petite famille : c’est tellement beau, c’est digne d’Hollywood, digne des grandes séries télé de ma jeunesse, comme Amour, gloire et beauté.

Donc quand Armstrong a répondu d’un oui franc aux questions d’Oprah portant sur le dopage et quand il a répondu que « tout [était] juste une vie idéal mythique et que rien n’était vrai », je sentais ma conviction dans le rêve américain raffermi. Le travail et le dépassement de soi, seuls, menaient vraiment au succès et à la réussite.

Dieu merci, alors, que les agences anti-dopage existent ! Richard W. Pound, l’ancien chancelier de McGill de 1999 à 2009 et l’ancien directeur de 2001 à 2007 de l’Agence Mondiale d’Anti dopage basée à Montréal, ne se leurrait pas dans son ancien travail quand il (a) dit au journal français Le Monde en janvier 2004 « que tout le public sait que les cyclistes du Tour de France et les autres sont dopés ». Pour combattre, ce que Lance Armstrong appelle une « culture », M. Pound a instauré des contrôles sportifs plus fréquents, plus rigoureux et a appelé à des sanctions plus sévères dans tous les sports.

Un effort dans la bonne direction, certes, mais bon à rien, ça n’empêchera jamais qui que ce soit de tricher et de se doper. Et, dans les sports, comme le cyclisme, ou le dopage est plus commun que dans d’autres – enfin, c’est ce qu’il semble – je propose de légaliser le dopage et de réserver les compétitions « aux meilleurs des dopés ». Tout le monde y gagnerait vraiment  – les femmes auraient la chance de voir de beaux mecs bien musclés suer sur un vélo, les gars verraient du sport, du vrai de vrai, et les sportifs pourraient finalement prendre autant de drogues qu’ils veulent pour améliorer leur performance…

Après tout, la vie idéale américaine n’est qu’un mythe et rien n’est réel… pourquoi pas le sport ?


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