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La Syrie toujours en guerre

Un conflit enflamme le territoire syrien depuis plus de 18 mois.

Alors que le conflit en Syrie attire l’attention, particulièrement sur la scène internationale, trois spécialistes se sont rendus à la Faculté de droit de l’Université McGill vendredi le 2 novembre, afin de participer à un panel sur le sujet.

Une résolution interne

Le professeur en sciences politiques de l’Université McGill, Rex Brynen, a ouvert le bal. Il a analysé les issues possibles à la guerre civile en Syrie, qui a fait jusqu’à maintenant plus de 30 000 morts.

Selon lui, il est peu probable que la paix revienne en Syrie grâce à une intervention de la communauté internationale, que ce soit par une médiation ou une intervention plus violente. Selon M. Brynen, « l’option d’une intervention internationale est possible si el-Assad utilise des armes chimiques ». Il est d’avis qu’une médiation serait impossible puisqu’aucun côté ne veut négocier à ce point de la dispute.

Le professeur en sciences politiques se tourne plutôt vers une résolution interne du conflit, voire graduelle. Il soutient que la conclusion la plus plausible du conflit syrien est une victoire progressive de l’opposition. « Ca pourrait prendre plus de six mois, voire même une année », affirme t‑il. Si cette situation se concrétise, Rex Brynen pense que la transition vers un nouveau régime serait plus longue qu’elle ne l’a été en Lybie.

Agir pour le gain

C’est ensuite le professeur Houchang Hassan-Yari du Collège militaire royal du Canada qui a pris la parole afin d’analyser la dimension régionale du conflit syrien. Le professeur Hassan-Yari a analysé la position de la Turquie, de l’Iran et de l’Arabie saoudite. Selon lui, la Turquie, puissance hégémonique en devenir du Moyen-Orient et modèle de démocratie de la région, a beaucoup d’intérêts à préserver en Syrie.

M. Hassan-Yari avance que les états entourant la Syrie agiront ainsi selon le gain qu’ils pourront obtenir de certaines alliances. Selon lui, c’est pourquoi le gouvernement turc ne soutient plus le gouvernement de Bachar Al-Assad et insiste sur l’importance de l’instauration de la démocratie dans ce pays. Avec une frontière longue de 900 kilomètres, la Turquie a avantage à être en bonne position avec le futur gouvernement syrien, et également avec les forces démocratiques mondiales.

C’est le contraire pour l’Iran et l’Arabie Saoudite, qui soutiennent toujours Bachar el-Assad. Allié de longue date de la Syrie, l’Iran a peur, selon le professeur, que si el-Assad tombe, le pays sera la prochaine cible d’Israël et des États-Unis. De plus, selon M. Hassan Yari, « ces pays supporteront le gouvernement tant qu’ils n’auront pas trouvé un remplaçant qui répond à leurs intérêts comme le fait el-Assad ».

Désillusion

Finalement,  Abdullah Almalki a donné un exposé touchant l’aspect de la torture en Syrie. L’ingénieur et homme d’affaire a été emprisonné et torturé dans ce pays du Moyen-Orient en 2002. Pendant cette période, il a dû faire face à plusieurs méthodes de tortures différentes. « C’est très psychologique. On est dans une situation où l’air, l’eau et aller uriner sont considérés comme des privilèges », décrit M. Almalki.

L’homme a été capturé à cause de mauvaises informations émises par l’ambassade canadienne. Depuis, il est très critique par rapport aux relations internationales. En effet, il doute du réel intérêt de plusieurs nations à régler le conflit syrien. Avec mots et images, Abdullah Almalki a permis à l’auditoire de ressentir et de comprendre un peu mieux les atrocités vécues par le peuple syrien actuellement, notant que la situation s’est dégradée depuis son emprisonnement.


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