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Mourir contre la peine de mort

Amnistie Internationale entend déboulonner les mythes sur la peine de mort.

Le 10 octobre 2012 était la 10e journée internationale contre la peine de mort. Simultanément, dans quelques villes au Québec et à plusieurs endroits à Montréal, des groupes de manifestants se sont rassemblés pour participer à des Die-In. Au cours de cette activité, les participants jouent les morts tandis qu’une personne fait la lecture émouvante de textes, comme des extraits du Dernier jour d’un condamné à mort de Victor Hugo.

À l’Université de Montréal, quelques dizaines de personnes ont participé à l’événement. Près d’une centaine de manifestants se sont aussi emparés de la Place de Arts, revêtant les masques blancs caractéristiques des manifestations d’Amnistie Internationale. Ils ont uni à quelques reprises leurs voix pour scander le slogan « Non à la peine de mort ».

Les articles 3 et 5 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme de 1948 stipulent que « tout individu a droit à la vie » et que « nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants ». Amnistie Internationale affirme que « la peine de mort est une violation de ces articles : elle est immorale, inefficace, irrémédiable, injuste, coûteuse et discriminatoire ». Le groupe « s’oppose à la peine de mort en toutes circonstances ».

Des objectifs à plus grande échelle

En cette journée mondiale contre la peine de mort, les membres d’Amnistie Internationale ont tenu à mentionner que ce châtiment est encore largement soutenu au Québec. En effet, 69% des Québécois seraient en faveur de son rétablissement selon un sondage Angus-Reid publié il y a deux ans. Ce phénomène s’explique en grande partie par les mythes entretenus par la société. Comme l’explique au Délit Anne Sainte-Marie, responsable des communications pour Amnistie Internationale Canada Francophone, il faut « déboulonner ces mythes ». C’est par l’information que cela peut être fait. Effectivement, nombreux sont ceux qui croient encore que « la peine de mort a un effet dissuasif sur les crimes violents et rend la société plus sûre » ou encore que « la peine de mort est acceptable si la majorité de la population y est favorable ». Amnistie Internationale a cependant démontré qu’au Canada, entre l’abolition de la peine de mort, en 1975, et 2003, le taux d’homicide a chuté de 44%. Malgré le fait qu’Amnistie Internationale « reconnaît que les États ont le droit d’édicter des lois », l’organisme croit que « ces lois doivent respecter les droits humains ». Les manifestations des derniers jours avaient donc aussi pour but de déconstruire les nombreux mythes qui entourent la peine de mort et d’informer la population.

Tout au long de l’année, Amnistie Internationale fait campagne pour faire libérer des prisonniers politiques et ce notamment à l’aide de nombreuses pétitions. Le comité Canada Francophone a ainsi profité de la journée internationale contre la peine de mort pour faire circuler des pétitions demandant un procès juste et équitable, ou encore la libération pour le Canadien-Iranien Hamid Ghassemi-Shall qui se trouve présentement dans le couloir de la mort en Iran.

Amnistie à McGill

Le comité Amnistie Internationale de McGill a pour sa part décidé de ne pas faire de Die-in à proprement parlé sur le campus. « Ça a été discuté ; je sais que le comité de l’Université de Montréal en fait un sur leur campus, mais on pense que la meilleure chose à faire est d’aller grossir les effectifs de celui qui va avoir lieu à la Place des Arts », explique Margot Fortin, responsable de la publicité du comité de McGill, lors d’une entrevue quelques jours avant l’activité.

Parallèlement avec leur engagement dans la campagne contre la peine capitale, Amnistie Internationale McGill a décidé de faire un panel sur la situation actuelle en Syrie. Le panel serait constitué de professeurs de l’université et d’activistes impliqués de près ou de loin dans les événements syriens.

Le comité a l’intention de profiter du contexte universitaire pour pousser plus loin les discussions. « Je pense que c’est ce qui peut différencier un comité Amnistie dans une université d’un comité Amnistie ailleurs. Le contexte rend les discussions, les débats sur les enjeux plus favorables », ajoute l’exécutante du comité de McGill. Le comité a aussi l’intention de réitérer son expérience de l’an passé en organisant pour la troisième fois l’activité Free Verse for Freedom (un événement qui mêle poésie et droits humains), qui avait été grandement appréciée par les participants. Des campagnes parallèles pourront se déclencher au cours de l’année selon les intérêts et disponibilité des membres.

Le comité Amnistie Internationale se qualifie de « members-driven organisation », soit un groupe sans hiérarchie au sein duquel les décisions sont prises par les membres lors des assemblées générales. Il en va de même pour l’organisation des différentes campagnes de sensibilisation. Comme l’explique Margot Fortin : « les membres peuvent prendre eux-même l’initiative d’un événement ou d’une signature de pétition ». Tous ceux qui aimeraient s’impliquer sont les bienvenus aux réunions du comité qui se déroulent tous les mardi à 18h00. Le groupe possède une page Facebook : Amnesty International McGill.


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