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Pro-vie contre pro-choix

À Ottawa, les conservateurs relancent le débat sur l’avortement.

Le mercredi 27 septembre, les députés fédéraux se sont rassemblés à la chambre des communes pour voter un projet de loi déposé par le député conservateur Stephen Woodworth. Ce projet vise une révision du statut légal du fœtus humain au Canada. Cela ne rouvre pas « officiellement » la question de l’avortement, mais plusieurs se sont vivement opposés à ce projet de loi, rappelant que le premier ministre Stephen Harper avait promis de ne pas aborder la question au cours de son mandat. Le Premier Ministre a d’ailleurs fait savoir qu’il voterait contre la motion et qu’il n’appliquerait pas de politique de ligne de parti en raison de sa promesse antérieure. 

L’opposition officielle s’est unanimement opposée à ce projet de loi et a été appuyée de candidats libéraux et conservateurs de même que de l’entièreté de ceux du Bloc Québécois. Au final, la motion a été rejetée à 203 voix contre 91, mais beaucoup de députés au sein du caucus conservateur – dont la ministre de la condition féminine, Rona Ambrose – ont voté en sa faveur.

Au même moment, à Montréal, deux manifestations se côtoyaient au parc Lahaie. Québec-Vie, un groupe « pro-vie », a entamé une « campagne de 40 jours » durant laquelle les participants se rassembleront pour prier et sensibiliser les gens aux « méfaits de l’avortement ». Cette campagne de 40 jours ne se limite pas à Montréal : elle se déroulera à 316 autres endroits à travers le monde (18 lieux au Canada). C’est principalement aux États-Unis que l’on peut voir de telles actions, mais elles se produisent également ailleurs, comme en Angleterre et en Australie.

Selon les activistes pro-vie, ce n’est pas par la politique que l’on pourra effectuer un changement. « Je pense qu’il faut aller d’une personne à l’autre, qu’il faut soutenir la femme enceinte et voir comment on peut l’aider à sauver son enfant, il faut être là pour elle. C’est plus une optique sociale que politique », déclare Brian Jenkins,  porte-parole de Québec-Vie. Ce groupe dit être en faveur du « respect de la vie humaine autant au début de la vie qu’à la fin. On aimerait voir des changements dans notre société, on aimerait voir plus de respect, soit pour l’enfant à naître, soit pour les vieillards ».

Un peu plus loin sur le trottoir, de l’autre côté d’une ligne invisible, les manifestants pro-choix s’étaient rassemblés. Beaucoup d’entre eux venaient de l’Université McGill. Leur présence dans le parc est réactionnaire à celle du groupe Québec-Vie. « Ils sont là pour promouvoir l’anti-choix, ils travaillent vraiment fort pour faire fermer les cliniques d’avortement. Eh bien, nous, nous sommes là pour démontrer notre soutien pour le choix et montrer qu’il y a des alternatives à ce qu’ils proposent », explique une manifestante. « C’est très frustrant de les voir ici, la clinique est juste à côté et ils rendent les gens honteux de s’y rendre. Des fois, ils ont d’horribles photos de bébés. On trouve ça humiliant et on est ici pour soutenir les gens qui font appel aux services des cliniques », rajoute une autre participante.

Les deux groupes manifesteront leur présence dans le parc pour près de trois semaines encore, soit jusqu’à la fin de la campagne de 40 jours. Des activités sont prévues des deux côtés. « On organise entre autres trois gros pique-niques les samedi 7 et 21 octobre et le 3 novembre, parce que c’est ce jour-là qu’ils seront en plus grand nombre et on essaie donc d’être nous aussi en grand nombre », dit une des organisatrices du mouvement pro-choix. Le groupe pro-vie sera présent tous les jours durant la campagne au parc Lahaie.

L’avortement est légal au Canada depuis 1988. 


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