Aller au contenu

Manif contre le Plan Nord

Le Parti Québecois doit encore clarifier ses intentions au sujet du Plan Nord.

Le jeudi 27 septembre s’est tenue la « Manif-Action contre la conférence d’affaires du Plan Nord », qui visait, comme son nom l’indique, à dénoncer le plan de développement économique lancé par le précèdent gouvernement du Québec. La date n’a pas été choisie au hasard : elle marque le début d’une conférence, « Positionnez-vous sur l’échiquier Plan Nord », organisée sur deux jours par le journal économique Les Affaires au Hyatt Regency Hotel à Montréal. L’objectif de cet événement est de rassembler la communauté d’affaires et de lui permettre d’échanger sur les développements et les enjeux du Plan Nord, à travers des conférences et des ateliers et en abordant des thèmes tels que la main d’œuvre, les infrastructures et les partenariats autochtones. 

Le point de départ de la manifestation était le Square Phillips, où petit à petit un groupe de manifestants a commencé à se former. Plusieurs banderoles étaient déployées, avec des messages dénonçant le Plan Nord tels que « Bloquons le Plan Nord », de même que d’autres défendant la cause autochtone. De brefs discours ont été prononcés par deux femmes autochtones qui avaient participé au blocus de la route 138 en mars dernier. Elles ont soulevé des thèmes tels que la dépossession des territoires et la « nouvelle colonisation » des terres du Nord. Cette « manif-action » avait en trame de fond des revendications anticapitalistes. Des étudiants des cégeps de Montréal se sont exprimés sur la question et ont dénoncé une société « où l’économie passe toujours d’abord ». Eux aussi sensibles à la cause autochtone, ils ont déploré que ces populations « soient les premières concernées, mais les dernières consultées » en matière de chantiers économiques se trouvant sur leur territoire. Alexandra, étudiante à l’Université de Montréal en Études Hispaniques, explique son désaccord avec le projet du Plan Nord. « Le gouvernement devrait consulter les populations par referendum avant de mettre en œuvre de tels projets, surtout les populations autochtones ». 

Anipierre Maheu, une représentante du Réseau Québécois des groupes écologistes (RQGE) présente au Square Phillips, explique : « nous sommes là pour manifester contre le Plan Nord, mais aussi pour montrer notre soutien à la communauté autochtone et pour dénoncer le plan parce qu’il va avoir des conséquences catastrophiques pour les écosystèmes, les populations et les générations futures ». Par rapport aux conséquences de la récente prise de pouvoir du Parti Québécois (PQ), elle dit : « nous devons toutefois rester vigilants. Même si ce n’est pas le PQ qui a instauré le Plan Nord dans sa forme actuelle, le PQ n’a pas démontré une volonté d’y mettre fin ». Anipierre Maheu n’était pas la seule à être sceptique sur les intentions du PQ. Claire Helene, étudiante en Anthropologie à l’Université de Montréal, fervente opposante au Plan Nord, explique que suite à l’élection du nouveau gouvernement québécois « rien ne va changer ; dans tous les cas les autochtones ont dit non, et c’est ça qui doit être respecté ». 

Durant sa campagne, le Parti Québécois a montré son soutien au développement des territoires du nord, dont le Plan Nord, tout en spécifiant qu’il y apporterait certaines modifications. Dans un communiqué paru en juin 2012, on trouve une volonté d’augmenter les redevances en instaurant une redevance-plancher obligatoire de même qu’un impôt sur le surprofit. De plus le PQ insiste sur le fait que le Plan Nord doit se faire dans le respect de ses résidents. Cette position contraste avec celle de l’ancien premier ministre libéral Jean Charest qui aurait élaboré son plan « avant de consulter les principaux intéressés ». Cependant, depuis l’arrivée au pouvoir de Pauline Marois, très peu a été dit concernant le futur du Plan Nord, qui semble avoir été mis en attente.

Vers 12h30, le rassemblement s’est mis en route vers le Hyatt Regency Hotel, sur Sainte-Catherine. Les manifestants criaient des slogans tels que « Oui au blocage, non au barrage » ou « Le capital nous fait la guerre, guerre au capital ». La police de Montréal était présente, encadrant la marche sans pour autant l’entraver. Néanmoins, par la suite, les forces de police ont empêché l’entrée des manifestants dans les lieux de la conférence « Positionnez-vous sur l’échiquier du Plan Nord ». Le mouvement s’est donc tourné vers le Complexe Desjardins, espérant pouvoir accéder à l’Hôtel par le centre commercial. Les manifestants ont fait irruption dans le complexe, sous les regards incrédules des commerçants et du public général. Ils se sont précipités vers l’entrée qui donnait sur l’hôtel, pour s’y retrouver bloquer par les forces de l’ordre. Après une dizaine de minutes de face à face, ils ont rebroussé chemin jusqu’à la rue Sainte-Catherine, où ils se sont finalement dispersés. Il n’y a eu aucune arrestation. 


Articles en lien