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Avortement

Depuis 2007, le 26 septembre est la journée mondiale de la contraception. Cet événement a pour but d’éduquer la population à propos des différentes méthodes de contraception et de briser les tabous. La transmission de ces connaissances entre les générations est difficile et l’école ne représente pas un lieu véritable de communication sur la sexualité. Ainsi, un flou persiste autour des contraceptions d’urgence, soit la pilule du lendemain et l’avortement.

Cette journée fonctionne grâce à plusieurs partenaires comme des compagnies pharmaceutiques, des fédérations médicales et des organismes humanitaires non-gouvernementaux de partout. 

Ce jour-là, au Canada, le député conservateur Stephen Woodworth soumettait au vote une motion sur les droits du fœtus. Cette requête demandait la création d’un comité parlementaire qui allait se pencher sur le moment dans le développement du fœtus qui en ferait un humain légal. Résultat : 203 votes contre, 91 pour. La motion ne passe donc pas et le comité ne sera pas créé. Il est à noter qu’aucun député québécois n’a voté en faveur de cette motion.

L’enjeu est bidisciplinaire : en premier lieu l’aspect éthique mettant en question le fait de donner la mort au fœtus, le fait de s’immiscer dans le cours « normal » de la Vie, ou encore les prétentions religieuses de chacun, et l’aspect scientifique médical mettant en cause la santé de la femme. 

Les dangers reliés à l’avortement sont multiples. Le plus grave : le décès. Mondialement, il y a 4 décès sur 10 000 avortements chaque année, que ce soit sur la table de chirurgie ou par le suicide. Cela semble énorme, mais si on exclut que des femmes se donnent la mort suite à des déboires psychologiques, le taux de mortalité rejoint celui de l’accouchement naturel. 

Les conséquences physiques et physiologiques sont nombreuses : lacération du col de l’utérus, cancer des ovaires, stérilité, etc. L’avortement devrait ainsi être considéré par toutes comme une chirurgie majeure, un acte médical dangereux pouvant changer une vie.

L’aspect psychologique n’est pas négligeable. Outre le suicide, la dépression et la névrose peuvent frapper. Les relations amoureuses s’en trouvent affectées, tout comme le travail ou les études. 

Ces constats en ce qui a trait à la santé devraient en convaincre plusieurs d’utiliser des méthodes de contraceptions plus mineures comme le préservatifet et les anovulants. En éduquant la population dès un jeune âge, les femmes devraient ne plus arriver au point de s’en remettre à l’avortement, sauf dans des cas d’exceptions tels que les viols. C’est en fait le constat que font les communautés médicales : plus les femmes sont éduquées, moins elles ont recours à cette chirurgie. 

Par contre, les conservateurs du Canada croient en la coercition. En légiférant sur certaines facettes de l’avortement (droits du fœtus, criminalisation de l’avortement tardif, droits du personnel médical de refuser d’effectuer un avortement, etc.), ils croient en venir à bout… pour des raisons idéologiques. Pour le bien des femmes ? Non, pour des raisons idéologiques. Pour le bien des bébés ? Non, si l’on considère les répercussions sur la vie d’un enfant s’il n’est pas voulu ou si la mère n’est pas en mesure de s’en occuper. 

Alors que Stephen Harper a voté contre la motion de son propre député, la ministre fédérale de la condition féminine, Mme Ambrose, a voté pour. Est-ce un recul pour les femmes au Canada ? Pourquoi a‑t-elle posé ce geste alors que son propre chef n’a pas donné son appui ? Serait-ce une façon de faire avancer l’idéologie sans déclencher des manifestations monstres ? 

Chronologie de l’avortement :

1867–1969 : depuis la confédération, l’avortement est un acte criminel.

1969 : l’article 251 établit que l’avortement est criminel à moins d’être autorisé par un comité d’avortement thérapeutique.

1988 : la Cour Suprême établit que l’article 251 est nul de par l’article 7 de la Charte canadienne des droits et libertés. Le Dr. Morgentaler est exonéré 5 ans après avoir été inculpé d’avoir pratiqué des avortements illégaux. 

1990 : le gouvernement conservateur de Mulroney dépose un projet de loi de re-criminalisation de l’avortement. La loi passe en chambre des communes, mais entre en nullité au Sénat

2006–2012 : des députés conservateurs présentent des projets de loi visant à criminaliser les avortements pratiqués après la 20e semaine de gestation, à faire du mauvais traitement d’une femme enceinte une circonstance aggravante dans la détermination de la peine et à protéger le droit du personnel médical à refuser de participer à un acte contraire à ses croyances.


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