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Park(ing) day

Montréal, ou comment la créativité chasse la voiture

Repenser le stationnement, « changer de point de vue », réinventer l’espace urbain. Voilà la mission que se sont lancés les participants du  « Park(ing) Day », vendredi le 21 septembre dernier. 

Né à San Francisco en 2005, l’événement qui se répète toujours à la même date a pris une ampleur mondiale au fil des ans pour finalement atterrir à Montréal la semaine dernière. L’année dernière, le collectif de recherche en aménagement paysager et agriculture urbaine durable de l’UQAM (CRAPAUD) s’était approprié un espace de stationnement dans le cadre de cette journée, mais pour d’autres organisations comme le CRE-Montréal, c’était leur première expérience. Les occupations se sont ainsi multipliées cette année. Selon Mathieu Boyd, étudiant à la maîtrise en sciences de l’environnement et participant à l’édition 2012 avec quelques membres du CRAPAUD, cette journée du stationnement est une occasion de démontrer combien la voiture occupe un espace important qui pourrait être utilisé à d’autres fins plus intéressantes pour les piétons et usagers de la métropole. 

Colorer la ville
Comme l’explique M. Boyd, la visée initiale de cet événement était d’occuper des places de stationnement dans la ville et de les transformer en parc, le temps d’une journée. En pratique, les participants sortent largement de ce cadre. Kiosques de légumes du Québec, bibliothèques suspendues, musique, stationnement à pigeons, piscine gonflable, diffusion de courts-métrages ; l’imagination était au rendez-vous. La plupart des places invitaient les passants au cœur de l’action, comme cet espace où était disposée une échelle qui permettait aux curieux d’y monter et de se munir de jumelles qui s’y trouvaient afin d’observer la rue en changeant de perspective. L’interaction des piétons et leur agglutination autour de ces lieux éphémères créaient un climat convivial et agréable dans les rues du centre-ville. Ce genre de réappropriation des endroits publics favorise les échanges sociaux et influence la représentation que les citoyens se font de la ville.

Résistance à Montréal
À San Francisco, il suffit de payer sa place de stationnement pour avoir le droit de l’utiliser comme bon nous semble. À Montréal, une moins grande ouverture prévaut. Comme le rapportait Le Devoir le 7 septembre, le CRE-Montréal n’a pas eu le feu vert des policiers et des responsables des stationnements pour mener son projet et un compromis a été nécessaire. Le règlement veut plutôt que ces espaces servent seulement à leur fonction première, soit accueillir une automobile. L’événement s’est tout de même déroulé sans problème.

Mathieu Boyd commentait également le changement d’organisation de la journée « En ville sans ma voiture » qui coïncidait avec le « Park(ing) Day ». La fermeture habituelle d’une partie de la rue Ste-Catherine n’a pas eu lieu et les activités de cette journée thématique se sont plutôt déroulées dans le Vieux-Port. Comme cette partie de la ville est davantage fréquentée par des touristes que par des résidents, M. Boyd considère qu’un tel choix diminue l’impact qu’est censé avoir un tel événement en n’ayant pas directement touché les automobilistes et les piétons.
Pour le « Park(ing) Day » Montréal, on peut toutefois dire que ce fut une réussite avec sa trentaine d’espaces occupés un peu partout en ville. D’ici le 21 septembre 2013, les organismes ont bien du temps pour concocter de nouveaux concepts qui coloreront à nouveau les espaces gris de stationnement de la métropole. 


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