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Criminalité souterraine

Cet été, comme tant d’autres étudiants, Samantha Romini prenait le métro pour aller au travail « Il devait faire 32 degrés Celsius dans les wagons ce jour-là », me dit-elle. « Il était onze heures et demi du matin et j’étais sur la ligne orange» ; c’est-à-dire la ligne au plus grand nombre d’arrêts, qui relie Montmorency à Côte-Vertu . « J’étais assise à côté d’une femme enceinte et d’un garçon – devant nous dans le siège opposé, il y avait un grand gars, qui ne faisait que jeter des coups d’œil autour de lui. En arrivant à la station Villa-Maria on a entendu un grand bruit, comme un tir de pistolet, et, durant le choc qui a suivi, le type s’est emparé du téléphone du garçon, a bousculé plusieurs passagers et est sorti en courant. Au début, tout le monde regardait autour pour voir si quelqu’un s’était fait agressé, mais, une fois les portes fermées, le brouhaha a commencé. Je n’aurais pas vraiment paniqué, mais la dame enceinte qui était assise à côté de moi est tombée dans les pommes ! », me raconte Samantha en riant. Elle finit son histoire en me racontant comment une passagère avait ensuite actionné le frein d’urgence en pensant que la dame enceinte accouchait.
Un crime rapide et facile donc, en augmentation, car il est difficile de retrouver un téléphone volé ou d’attraper les malfrats. Heureusement, quand il y a action, il y a réaction, et ce type de crime ne passe pas inaperçu au Service de Police de la Ville de Montréal (SPVM).

Ce que le SPVM dit…
Le SPVM a quelques petites recommandations pour éviter les problèmes : ne pas écouter de la musique très fort (cela pourrait vous empêcher d’entendre un danger quelconque), ne pas jouer à des jeux sur votre téléphone (cela met votre téléphone bien en évidence, tout en captivant complètement votre attention) et une petite ruse du SPVM serait de faire graver votre numéro de permis de conduire sur votre téléphone, pour qu’on puisse vous retrouver si jamais votre téléphone se trouvait en vente sur Internet.
Si cela vous arrive, et que vous ne pensez pas devoir appeler la police, la Société de Transport de Montréal (STM) vous demande soit de vous déplacer au centre de la STM situé à la station Berri-UQAM 48 heures après l’événement, ou de communiquer au 514 STM-INFO (514 786‑4636). En cas de vol, tirer le frein d’arrêt ne fera que ralentir le reste des passagers ou créera une panique qui pourrait aider le coupable. Si vous souhaitez communiquer avec un agent de la STM immédiatement après l’incident, un téléphone rouge se trouve à votre disposition dans la plupart des wagons.
Le SPVM s’occupe de surveiller les quais du métro depuis juin 2007 pour décourager ou attraper n’importe quel mécréant. Des patrouilles en couple, de nouvelles caméras et maintenant de nouveaux wagons avec des systèmes de sécurité servent à rassurer les passagers. D’ailleurs, mis à part le vol d’appareils électroniques et le graffiti, le reste des crimes dans le métro sont de moins en moins fréquents.

La verte la plus dangereuse 
Le SPVM ne diffuse que très peu d’informations et de statistiques sur les lieux les plus courants où les crimes sont commis. Une étude a été publiée sur le crime dans le métro en 2010. Cette étude nous apprend que la ligne la plus dangereuse serait la ligne verte (541 crimes par année), suivie de près par la ligne jaune (429), ensuite vient la ligne orange (395) et en dernier la ligne bleue (90). Petit problème pour ce qui est de l’exactitude de ces résultats : le taux pour la ligne jaune comprend le nombre de crimes des stations qui servent plusieurs lignes donc les arrêts les plus fréquentés, comme Berri-UQAM. Il ne faut tout de même pas négliger le nombre de festivals, La Ronde, les attractions de l’Ile Sainte-Hélène ainsi que la sortie de l’île de Montréal, auxquels la ligne donne accès et qui lui donneraient néanmoins un taux de crimes plutôt élevé pour une si petite ligne de métro.

La sécurité d’abord !
Que les étudiants vivent à Solin Hall, Atwater, le Plateau, Westmount, Lachine ou même Laval, un grand nombre d’entre eux prennent le métro ou l’autobus jour et nuit pour arriver à McGill. Pour celles qui se retrouvent à prendre l’autobus tard, le SPVM vous propose d’utiliser le service « Entre deux arrêts », qui vous permet de demander au conducteur d’autobus de vous arrêter à l’endroit qui vous convient le mieux sur la route de l’autobus. Disponible à partir de 19h 30, ce service est proposée uniquement aux femmes. Myriam témoigne : « Je me sens plus en sécurité depuis que je sais que je peux descendre quand je veux, ça rassure ». De plus, McGill offre son service Walksafe, qui peut vous être utile tard le soir, que vous ayez beaucoup à parcourir ou que vous ayez besoin d’aide pour y parvenir, ces bénévoles se proposent pour vous accompagner jusqu’à votre destination dès la réception de votre appel, qui vous localise.

Vivre à Solin…
La routine matinale des étudiants vivant dans la résidence de Solin Hall est bien différente de celle des habitants des autres résidences universitaires. Une courte marche jusqu’à Lionel-Groulx, puis le métro, ligne verte, jusqu’à la station McGill et une arrivée sur le campus – le tout en un peu plus de dix minutes. Même si le temps de transport est très réduit et que McGill fait tout pour éviter les problèmes, les accidents nocturnes pour les froshies sont communs.
Ian, un responsable d’étage a Solin Hall nous explique : « On a eu 2 incidents depuis le début de l’année. Ce sont des cas indépendants et qui n’ont rien à voir avec McGill. Pour ma part je pense que le métro est sûr. Ce que je dis aux jeunes de mon pallier c’est de ne pas rentrer le soir seul, mais ça, c’est vrai partout. Quand on est tout seul, on est une cible parfaite. On travaille sur la prévention, pour que cela ne recommence plus. Je n’ai jamais eu de mauvaises expériences. Cette année on est en communication avec WalkSafe. En effet, ils sont basés sur le campus et donc c’est dur pour nos étudiants de bénéficier de leur service. Vu qu’il leur faut 30 minutes pour arriver, le plus souvent les étudiants sont déjà rentrés. En ayant une base à St-Henri, leurs services seraient plus rapides. Ça commencerait cette année. J’ai hâte que ça soit mis en place parce que c’est mon boulot de faire en sorte que chaque jeune se sente confortable aux alentours de la résidence. C’est vrai qu’il y a des logements à loyer réduit dans le voisinage, mais c’est surveillé, donc, même s’il reste quelques endroits à risque dans les alentours, je pense que ça s’améliore ».

Walksafe et l’arrêt Mégill
WalkSafe fait donc de son mieux pour aider les étudiants, et les bénévoles se débrouillent bien, vu les difficultés d’organiser ce genre d’organisation bénévole. « Nous avons environ soixante bénévoles, et nous recrutons d’autres accompagnateurs petit à petit. Quelques nuits, nous sommes à pleine capacité pour le nombre de bénévoles que nous avons, d’autres soirs, nous recevons très peu d’appels », nous explique un responsable de WalkSafe. Pour ce qui est de Solin Hall, le plan serait d’organiser une équipe permanente qui ferait des allés- retours entre la résidence et la station de métro.
Le problème ne concerne pas seulement les étudiants – le métro est très utilisé à Montréal : en 2010, on estime à 296.3 millions le nombre d’utilisateurs du métro (sans compter les transferts), et, depuis sa création sept milliards d’individus auraient pris le métro de Montréal (environ la population humaine de la terre !).
Les crimes d’agression sont à la baisse tandis que les graffitis et les pickpockets sont à la hausse. Par conséquent, si vous faites attention de ne pas vous mettre à la disposition des voleurs, votre seule inquiétude sera de faire attention à la peinture qui recouvre fraîchement les graffitis – et peut-être de prier pour éviter une interruption de service avant l’arrêt Mégill.

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Quelques infos et statistiques :
Nombre de passagers en métro et en autobus par jour : 2,524,500 (en moyenne en 2011)
(1,403,700 par bus) (1,111,700 par métro) (9,200 par para-transit)
Environ 7 milliards d’individus ont pris le métro montréalais depuis son ouverture en 1966.
L’huile utilisée pour les freins est faite à base de cacahuètes et de bouleau jaune, ce qui donne une odeur de maïs soufflé quand la locomotive freine fort.
Il est planifié qu’en 2025 tous les autobus auront des moteurs électrique..
Les Montréalais utilisent le transport public pour environ 13% du voyage en ville.
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Les nouveaux wagons de métro ont été exposés au centre-ville le vendredi et samedi de la semaine dernière. Dans une ambiance festive, la STM a présenté ses nouveau-nés, attendus en 2014.
Témoignage d’une montréalaise (Karel Aryan) qui s’est rendue sur les lieux de l’exposition :
« J’ai de grands espoirs pour le système de ventilation, qui ne peux qu’être mieux que celui que l’on a présentement. Par contre, je ne comprends pas pourquoi ils s’obstinent à mettre des sièges perpendiculaires au sens de la marche, vu qu’ils ne sont pas utilisés dans les systèmes de métro à très forte affluence en Asie. Je ne suis pas sûre d’apprécier le fait que l’on puisse passer de voiture et voiture : certainement pratique pour se rapprocher de la sortie désirée, mais comment faire pour échapper aux mecs louches et aux ivrognes du dimanche ? À part ça, je suis ravie que les portes soient plus larges pour que les fauteuils roulants puissent avoir accès au transport, mais, malheureusement, la grande majorité des stations leur sont encore inaccessibles. »
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