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Une équipe qui rayonne

Le Délit s’entretient avec Adrien Dupont, entraîneur de l’équipe de tennis de McGill.

Photo: Équipe de tennis de McGill

Le Délit : En tant qu’entraîneur de l’équipe de tennis de McGill, dont vous avez également été le capitaine et joueur, résumez votre parcours.
Adrien Dupont : Je suis entré dans l’équipe de tennis de McGill en automne 2006. À l’époque, l’équipe féminine était membre de l’OUA (Ontario University Athletics) alors que l’équipe masculine, qui avait le statut de Varsity II, était en train de terminer une suspension de cinq ans pour avoir refusé de participer à une compétition officielle. Dès l’année suivante, l’équipe masculine a repris la compétition, et produit, depuis lors, des résultats très convaincants.

Photo : Équipe de tennis de McGill

LD : Parlez-moi de la composition de l’équipe ainsi que des méthodes de sélections.
AD : L ‘équipe de tennis de McGill comporte 13 joueurs masculins et féminins. Des try-outs ont lieu une fois par an, en septembre. Tous ceux qui désirent y participer sont les bienvenus. La formule de sélection s’étend sur deux journées. La première journée, nous effectuons un filtrage qui repose uniquement sur la technique et la deuxième journée nous mettons en place des systèmes de matchs qui nous permettent de distinguer les meilleurs joueurs.

LD : Que parvenez-vous à réaliser comme entraînements, comment organisez-vous les déplacements avec le budget dont vous disposez ?
AD : C’est très simple, notre équipe ne reçoit désormais plus aucune contribution monétaire de la part de l’Université McGill. Il y a eu un plan de restructuration des équipes sportives et d’austérité quant aux budgets qui a rétrogradé l’équipe de tennis à la division  « compétitive club ». Par conséquent, nous devons nous-mêmes assurer certains frais administratifs. Ce sont les joueurs de l’équipe qui financent eux-mêmes les déplacements. L’Université McGill nous garantit néanmoins des accommodements très raisonnables en nous fournissant des terrains tout au long de la saison. Depuis quelques années, lors de la session d’hiver, nous bénéficions d’une collaboration avec le stade Uniprix qui nous fournit également des terrains.

LD : Quelle est votre réaction face aux résultats de l’équipe de football américain et que pensez-vous de la répartition des budgets entre les équipes sportives ?
AD : Étant donnée notre situation, il est évident que l’on souhaite une répartie plus équitable des fonds alloués au sport. Un des problèmes majeurs est la mauvaise estimation des coûts nécessaires pour subventionner certaines équipes. En effet, un programme comme celui de l’équipe de tennis ne requiert guère un budget aussi élevé qu’une équipe de football ou de hockey. Par ailleurs, nous revendiquons un système plus méritocratique où les contributions financières de la part de l’université iraient de pair avec les résultats de ses équipes respectives. Nous avons le sentiment d’évoluer dans une université à l’ancienne où les fonds disponibles pour les équipes sont prédisposés par rapport aux traditions et à l’histoire de l’université. Or, en réalité, l’Université McGill ne propose pas une équipe de football américain compétitive, par exemple. Nous ne sommes pas les seuls dans cette situation. Je peux citer l’équipe de squash qui rivalise avec les champions nationaux, alors qu’elle se trouve dans la même situation financière que nous. Si l’administration de McGill acceptait d’être plus généreuse à notre égard, je peux vous garantir que l’on ferait rayonner le nom de McGill à travers le Canada.

LD : Comment évaluez-vous les performances de votre équipe ?
AD : Je vais principalement évoquer l’équipe masculine étant donné que l’équipe féminine a disparu le temps d’une saison il y a deux ans. Pour vous donner un exemple, en saison régulière, nous avons battu l’Université de Montréal, lauréate des championnats canadiens par trois fois. Nous évoluons dans une ligue avec 8 autres équipes (toutes universitaires sauf celle de McGill), et nous figurons perpétuellement en haut du tableau à la fin de la saison. Nos victoires contre l’Université de Montréal sont notoires, car cette dernière dispose d’un budget annuel avoisinant les 15 000 dollars par an, ainsi que d’un coach rémunéré à temps plein. Il ne fait aucun doute que notre équipe masculine est parmi les plus compétitives du circuit. Je tiens à souligner qu’en 2010 nous avions été défaits en demi-finale des championnats qualificatifs par l’Université de Toronto, l’équipe vainqueur de cette compétition.

LD : Si vous disposez de budgets beaucoup plus restreints, quelle est la clef de votre réussite ?
AD : Nous avons un recrutement efficace grâce à la réputation de l’Université McGill qui attire des gens des quatre coins du monde. Par conséquent, nous sélectionnons nos joueurs sur une base plus éclectique et plus intéressante étant donné la popularité du tennis dans le monde. Au-delà du recrutement, on remarque un sentiment d’appartenance à l’équipe très émouvant de la part des joueurs. Ces derniers sont conscients de nos timides moyens et sont fiers de rivaliser avec des équipes qui disposent de trois ou quatre employés. Nous avons le statut de petit poucet et cela créé un esprit d’équipe unique.

LD : Est-ce que l’Université McGill vous est reconnaissante pour vos résultats ?
AD : McGill a toujours été attentive à nos résultats. Depuis notre rétrogradation, notre présence sur le site de McGill est limitée. J’assure ainsi la couverture sur internet grâce à notre site officiel, ainsi que notre page Facebook. Notre but aujourd’hui est de créer une ligue au Québec afin de ne plus être dépendant de la ligue d’Ontario. Pour cela, il nous faut un minimum de quatre équipes. J’ai par ailleurs le plaisir d’annoncer qu’une équipe se crée à l’Université Sherbrooke et qu’une autre s’amorce à l’Université Laval.

Plus de détails au www​.mcgilltennisteam​.ca.

Propos recueillis par Alexis Chemblette


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