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L’artisto, le banlieusard et la France

Intouchables, le film-phénomène sorti en France en novembre 2011, présente une fraternité inattendue entre Philippe, un tétraplégique aristocrate et Driss, un Noir de la banlieue alternant prison et chômage.

Photo: Alliance film media

Le duo d’acteurs fonctionne à merveille grâce à Omar Sy, l’acteur du moment sur le petit écran et qui a décroché le César du meilleur acteur pour son interprétation de Driss, et François Cluzet, dont la réputation n’est plus à faire. Leur chimie s’opère sur une bande-son originale du pianiste italien Ludovico Einaudi et quelques tubes de Earth, Wind and Fire. Ce long-métrage revigorant qui bouscule les préconceptions n’est pas une simple comédie. Outre le sujet de la tétraplégie, il aborde de façon décomplexée des problématiques sociales telles que l’intégration des étrangers et le quotidien dans les quartiers défavorisés.

Photo : Alliance film media

Entre courses-poursuites, scènes de drague et sauts en parapente, les réalisateurs Olivier Nakache et Eric Toledano ont atteint un mélange innovateur de rire, émotion et action. En effet, ce film fait lumière sur des vérités difficiles, mais n’enferment pas les spectateurs dans la déprime. Le but n’est pas de pleurnicher sur la souffrance de Philippe mais au contraire, de retrouver une lueur d’espoir, dans ce temps assombri par la crise socio-économique.

Comme avait confié François Cluzet au Délit du 13 mars dernier : « Normalement les comédies sont un peu superficielles, mais là on a une comédie profonde. » À croire que le public d’aujourd’hui ressent un besoin vital de se changer les idées, et qu’il est possible de le faire à travers une quête de sens et d’énergie !

Dans ce contexte tendu de campagnes présidentielles dans lesquelles les débats sur l’identité nationale font rage et où le parti nationaliste stigmatise les divisions sociales, Intouchables rejoint avec humour les extrêmes fâchés de la société française. Dans quel autre film entendrait ton une « racaille » dire à l’aristo : « Vous allez pas acheter cette croûte à trente mille euros. Eh, le mec il a saigné du nez sur un fond blanc et il demande trente mille euros ! ».

En enterrant la hache de guerre entre l’aristocrate et le banlieusard, Intouchables fédère des publics différents. Avec l’invitation au débat qu’il crée, c’est sans surprise que presque un tiers des Français de la métropole se soient déplacés pour la projection. De plus, la comédie touche des problèmes qui dépassent l’Hexagone : le manque de solidarité et d’altérité.

C’est ce qui fait le succès de son exportation, comme le montre l’exemple allemand et ses quelque 6,5 millions d’entrées Dès le 13 avril, le duo idéal débarque à Montréal : joignez-vous à la ruée !


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