Aller au contenu

AMUSE-gueule

Un an de négociations et peut-être une convention collective

Le syndicat des quelques 1,500 employés occasionnels de McGill vient de signer un protocole d’entente provisoire avec l’administration. Le document, s’il est ratifié en Assemblée Générale, deviendra la première convention collective du tout jeune syndicat.

Le processus s’est étalé sur près d’un an et quatre sessions de négociation. Il avait nécessité l’intervention d’un conciliateur nommé par le ministère du Travail à la demande du syndicat qui estimait que ce que l’université avait à offrir était trop éloigné de ses revendications.

Farid Attar Rifai, ancien président d’AMUSE et membre de l’équipe de négociation depuis le début, livre au Délit en avant-première quelques détails de l’accord. On apprend par exemple que six jours de congé maladie pourront être demandés par tout employé ayant un contrat de plus de six mois. Par ailleurs, tout membre d’AMUSE remplaçant un employé de MUNACA (le syndicat des employés techniques et administratifs permanents) recevra au moins 80% du salaire de base de celui-ci. Pour un remplacement de plus de six mois, dans le cadre d’un congé maternité par exemple, ce sera 100% du salaire initial.

Une autre nouveauté de cette convention collective est la création de trois catégories d’employés occasionnels. Dépendamment de l’autonomie du salarié et de la complexité des tâches qui lui sont imparties, un salaire minimum différent sera en vigueur. Farid Attar Rifai explique que « certains départements sont plus riches que d’autres. Certains ont la possibilité de payer au dessus du salaire minimum pour des tâches basiques et c’est tant mieux, mais nous souhaitions que quelqu’un qui, par exemple, fait de la programmation informatique, un travail demandant une formation et des compétences particulières, soit rémunéré en conséquence. »

Aujourd’hui, Jaime MacLean, présidente d’AMUSE, s’estime satisfaite. « Bien sûr on espérait que [l’administration] ait plus de sympathie pour nos problématiques et qu’ils nous donnent plus, mais on a déjà réussi à bien faire avancer les choses. »

On ne connaît que peu de détails de l’entente puisqu’administrateurs et leaders syndicaux se sont engagés à ne pas rendre public le document avant sa présentation aux employés réunis en Assemblée Générale pour statuer sur sa ratification. La date de l’AG n’est pas encore arrêtée mais on s’attend à ce qu’elle intervienne au courant de la semaine prochaine.

Dans un communiqué de presse, le syndicat indiquait qu’il avait obtenu satisfaction sur l’ensemble de ses six priorités. Ces objectifs comprenaient l’augmentation équitable des salaires, la priorité d’embauche pour les membres du syndicat, des contrats de travail écrits, la rémunération des heures supplémentaires et des jours maladie. Enfin, le sixième et dernier objectif était la transition vers un système dit de closed shop, qui contraindrait tout nouvel embauché à devenir membre du syndicat. Une revendication qui « n’a pas été difficile à obtenir de la part de l’université » selon un membre de l’équipe de négociation d’AMUSE. « Seulement ils ne voulaient juste pas avoir à courir après les nouveaux employés pour qu’ils signent leur carte de membre. »

Lynne Gervais, vice-principale aux ressources humaines déclarait par voie de communiqué : « L’université est satisfaite qu’un accord ait été trouvé avec AMUSE sans qu’il ait été nécessaire de recourir à l’arbitrage. » Cette procédure que chaque partie a la possibilité de déclencher durant les négociations interrompt le processus. Le gouvernement provincial est alors saisi et tranche les désaccords, prenant ainsi le risque de ne donner satisfaction à aucune des parties. Jaime MacLean estime que c’est le principal levier de pression dont le syndicat disposait contre l’université. « L’université ne veut pas de l’arbitrage. Nous non plus mais le pouvoir est tellement déséquilibré entre les deux parties que c’est toujours une possibilité à envisager. »

Les chiffres des augmentations de salaires seront révélés lors de l’AG mais on sait d’ores et déjà que personne ne sera payé au salaire minimum légal et que des augmentations annuelles sont garanties sur les trois ans que couvrent cette convention collective. C’est donc des avancées significatives auxquelles on s’attend la semaine prochaine.

Quelques mois à peine après la fin de la grève de MUNACA qui s’était étalée sur tout un trimestre, on peut se demander quel rôle le dernier conflit social a joué dans les négociations d’AMUSE. Jaime MacLean estime que « la grève de MUNACA a créé un précédent et a montré que les employés peuvent maintenir la pression si nécessaire ».

Accrédité en janvier 2010, AMUSE voit aujourd’hui l’aboutissement d’un long processus. Si elle est ratifiée, cette première convention collective installera le syndicat dans toute sa légitimité. Jaime MacLean estime que s’il n’est pas parfait, ce premier document servira de fondation et de référence dans les années à venir, notamment lors des prochaines négociations. « Nous avons préparé le terrain pour 2015. »


Articles en lien