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Possibilité avant fatalité

Le nombre important de suicides au Québec chez les étudiants universitaires alarme les autorités.

Matthieu Santerre | Le Délit

Nous le savons tous, les études universitaires ne sont pas de tout repos : devoirs, examens, dodo… une boucle sans fin. Certains ne voient pas la fin de leur formation et ne considèrent aucune autre porte de sortie que celle de l’abandon. Le suicide est une triste réalité et chaque année, malgré toutes les interventions offertes, des centaines de jeunes s’enlèvent la vie. Quels sont donc les projets mis sur pieds pour faire face à cette tendance néfaste ?

Matthieu Santerre | Le Délit
La 22e édition de la Semaine nationale de prévention du suicide avait lieu entre le 5 et le 11 février. À cette occasion, les écoles et organismes ont joint leurs forces pour préparer des activités de sensibilisation. L’Association québécoise de prévention du suicide était un peu partout cette semaine. Monsieur Bruno Marchand, directeur général de la fondation, explique que « le meilleur moyen de contrer le suicide repose sur deux éléments de prévention ; premièrement, savoir détecter les personnes vulnérables, connaître notre rôle envers ce genre de cas et découvrir les situations dans lesquelles ils risquent de se trouver. Deuxièmement, utiliser les moyens sociaux qui sont adoptés par la collectivité ou le groupe pour se prendre en main. »

L’Université McGill, quant à elle, propose depuis plusieurs années des programmes pour les étudiants en détresse. Le Mental Health Service existe entre autres pour aider les étudiants de McGill qui ressentent l’envie urgente de parler et de trouver des solutions à leurs problèmes. Ce service est compris dans les frais de scolarité. Il regroupe un nombre important de professionnels hautement qualifiés pour répondre aux besoins de la population étudiante. On y retrouve des brochures d’information fortement utiles. Les lignes téléphoniques d’aides telles que le Sexual Assault Centre of the McGill Students’ Society et le Nightline s’avèrent considérablement pratiques pour les étudiants qui cherchent une oreille attentive tout en souhaitant préserver leur anonymat. Selon monsieur Marchand, « chaque université a adopté une approche différente en ce qui concerne l’aide et la prévention. Certaines sont plus actives que d’autres. Nous entretenons de très bons liens même si certaines d’entre elles sont plus autonomes que d’autres. »

Malgré tout, « en 1997, 5,3% des étudiants de l’Université de Montréal déclaraient avoir tenté de se suicider au moins une fois dans leur vie », selon le document du Ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport sur les idées suicidaires et préventions dans les universités. Toujours d’après le document du MELS, parmi les causes qui engendrent une telle fatalité, le stress y est pour beaucoup. « La perception des standards à atteindre peut induire chez plusieurs étudiants et étudiantes universitaires un niveau de stress important. Ce stress ou d’autres facteurs, joints à d’autres circonstances personnelles, peuvent conduire à diverses formes de détresse psychologique : déprime légère, tentative de suicide, dépression prononcée, suicide. »

L’université nous pousse à nous dépasser chaque jour et certains individus trouvent parfois extrêmement difficile de passer à travers cette étape de la vie. Cependant, d’autres facteurs entrent en compte selon le directeur de l’Association : « les personnes présentant des idées suicidaires sont des gens qui ont la perception d’être absolument inutiles. Ils sentent que tout est plus important qu’eux-mêmes. » Pour mettre fin à ces terribles idées, plusieurs programmes d’écoute ont été mis sur pieds et pas seulement dans les universités : l’Association québécoise de prévention du suicide a sa propre ligne d’écoute, accessible 24 heures sur 24.

La mort volontaire est un acte imprévisible et parfois, même les experts ne peuvent détecter les comportements dangereux des étudiants. Toutefois, selon le document du MELS, « parmi les 26% qui ont eu au moins une pensée suicidaire, la moitié (13%) avaient communiqué leur intention de se suicider à quelqu’un d’autre. » Que pouvons-nous donc offrir, afin de les rendre plus heureux et de voir les signes avant-coureurs ? Nous devons, en tant qu’amis et proches, faire notre part en considérant les signes de dépression non pas comme étant de passage, mais comme indice d’un malaise. Il est regrettable de constater que les gens qui ont besoin de parler ne se dirigent pas toujours vers les centres d’aides. C’est pourquoi nous pouvons faire une différence. Bruno Marchand se dit « profondément convaincu qu’il est possible de bâtir une société sans suicide. Pour moi, nous sommes nombreux à ne plus vouloir perdre de personnes par suicide et c’est ensemble que nous allons y arriver. »

SACOMSS : (514) 398‑8500

McGill Nightline : 514–398-6246

Aqps : 1–866-277‑3553


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