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L’entreprise risquée

Les néodémocrates ont rendez-vous au printemps pour décider qui sera leur chef parmi les huit candidats en course.

Webmestre, Le Délit | Le Délit

Cinq mois après le décès de Jack Layton, le Nouveau Parti démocratique se trouve dans une phase de reconstruction qui pourra se révéler critique après le départ d’un chef si charismatique et surtout après un succès électoral comme l’a été celui du 2 mai 2011.

Jusqu’au 24 mars, date du congrès néodémocrate qui aura lieu à Toronto, ce n’est rien d’autre qu’un combat des chefs, malgré les tentatives de minimiser un conflit tangible entre les concurrents.

Lindsay P. Cameron

En tout, ce sont huit candidats qui se lancent dans la course, chacun avec un motif bien distinct. La course à la chefferie, qui a commencé avec une série d’affrontements verbaux entre les deux favoris, Brian Topp et Thomas Mulcair, est l’une des préoccupations principales des communicants du NPD, craignant que la polarisation temporaire ait des effets néfastes dans un futur voulu brillant, majoritaire et… gouvernant.

Thomas Mulcair a voulu commencer sa campagne comme le leader naturel, mais en jouant la carte du Québec, il pourrait voir son soutien hors-Québec réduit à néant. Le fameux député d’Outremont a le plus d’expérience en politique.

Fait lieutenant québécois du NPD par Jack Layton (ce que certains pouvaient percevoir comme une façon d’éloigner une potentielle compétition), il a vu ses ambitions de leader sérieusement menacées par l’émergence d’un personnage assez différent venant également du Québec ; Brian Topp.

Né à Longueuil, cet ancien rédacteur en chef du McGill Daily a rejoint le NPD en 1980 et est un des plus ambitieux candidats. Voulant lutter contre l’évasion fiscale et favorable à la taxation progressive, Brian Topp cherche aussi à abolir le Sénat, qui, pour lui, serait une éventuelle barrière si le NPD était amené à former un gouvernement, car celui-ci est seulement constitué de libéraux et de conservateurs.

Il se fait l’avocat d’une réforme électorale en encourageant un système mixte à représentation proportionnelle. Tous ces grands chantiers politiques peuvent d’une part susciter l’attrait de certains sympathisants, mais également lui causer du tort, car dans la conjoncture actuelle les grands projets de réforme antisystème ne sont pas toujours accueillis à bras ouverts.

Début janvier, en entrevue avec le journal Métro, Brian Topp polarisait sa position vis-à-vis de son adversaire de l’heure, Thomas Mulcair, en affirmant que ce dernier avait tort de recentrer le parti vers la droite et de « jouer sur les platebandes du Parti libéral ». Vraie divergence idéologique ou désir d’antagonisme électoraliste ?

On ne devrait néanmoins pas sous-estimer les six autres candidats, chacun avec une identité bien précise, mais qui ont peu d’opportunités de se dévoiler, éclipsés par le duel des deux Grands.

Niki Ashton est députée de la circonscription de Churchill (Manitoba) depuis 2006. À 30 ans, cette étudiante polyglotte est à l’image de nombreux militants néo-démocrates, jeunes et possédant une riche expérience internationale.

Nathan Cullen, député de Colombie-Britannique, est l’unique voix de l’Ouest, s’assurant d’un soutien principalement dans les zones rurales du nord de la province.

Paul Dewar, Romeo Saganash et Martin Singh ont tous trois un portfolio bien distinct. Le premier est député d’Ottawa-Centre, le second, ancien vice-grand chef du Grand Conseil des Cris, avocat et acteur de la convention de la Baie James, et le troisième basé en Nouvelle-Écosse, très attaché à la fois à la communauté sikhe et aux Forces canadiennes.

Peggy Nash, députée d’Ontario, mise sur son implication avec les syndicats (elle fut assistante de Buzz Hargrove, président du syndicat des travailleurs canadiens de l’automobile) pour attirer les tranches plus travaillistes du parti.

Le NPD a subi une importante polarisation entre les députés qui soutiennent Thomas Mulcair et ceux derrière Brian Topp, le premier incarnant la voie traditionnelle du parti, et l’autre développant une image de dissident et d’alternative au statu quo.

Parmi les élus mcgillois (dont Le Délit a fait le portrait tout au long de l’automne dernier), Charmaine Borg, députée de Terrebonne-Blainville, après avoir travaillé pour la campagne de Thomas Mulcair en 2011, s’est rangée aux côtés de Brian Topp qui, selon elle, « a une vision d’un Canada plus égal », donnant aux « jeunes la possibilité de jouer un rôle ».

Matthew Dubé, de Chambly-Borduas, est quant à lui resté derrière Thomas Mulcair, candidat pour lequel il avait également mené campagne lors des dernières élections fédérales.

Brian Topp n’a, en effet, pas été présent lors de la vague orange de mai 2011, contrairement à Mulcair qui compte beaucoup sur son succès québécois pour remporter la chefferie en mars prochain.


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