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Peuples autochtones du monde, unissez-vous !

L’Institut d’étude du développement international de McGill tenait sa première Conférence internationale sur les droits des peuples autochtones.

En 2007, l’Organisation des nations unies avait frappé un grand coup en adoptant la Déclaration des droits des peuples autochtones. Après des siècles d’oppression, il était temps que les peuples autochtones du monde entier profitent d’une reconnaissance internationale. Plusieurs sessions ont été organisées lors la conférence internationale tenue à McGill, dont un panel sur le chemin parcouru depuis l’adoption de la Déclaration et les défis à venir, de même qu’une discussion rapportant des expériences vécues sur l’accès aux soins de santé adaptés à la culture.

D’abord, le panel sur la Déclaration a rassemblé trois intervenants des Amériques et de l’Afrique : Tarcila Rivera, femme autochtone du Pérou ayant fondé le CHIRAPAQ (Centre des cultures des peuples autochtones du Pérou) et l’Instance internationale des femmes autochtones, Hassan Id Belkassm, de la minorité marocaine amazigh et ancien membre de l’Instance permanente sur les questions autochtones des Nations Unies, et Robert Watts, un Mohawk et Ojibway, vice-président du //First Peoples Group//. Ce dernier pense que la Déclaration a permis aux autochtones de profiter d’une attention internationale et de défendre enfin leurs droits. Auparavant, « le reste du monde pensait soit que les peuples autochtones n’existaient pas, soit n’étaient pas des humains, soit n’avaient pas de droits ». Le professeur de sciences politiques à McGill, le docteur Philip Oxhorn, a résumé les idées du panel en quatre points principaux : premièrement, la reconnaissance n’équivaut pas à des droits, mais elle inspire des idéaux et des buts à atteindre. Deuxièmement, l’idée de l’adhésion à une double citoyenneté (autochtone et nationale) telle que défendue par madame Rivera est à poursuivre. Puis, concernant l’impact de la mondialisation, les peuples autochtones souffrent en particulier de l’exploitation de leurs ressources naturelles par exemple, mais la mondialisation a aussi permis la création de nouveaux réseaux menant à l’autonomisation. Finalement, l’accès égal à l’éducation et à la santé doit être fait de façon à respecter la culture.

La discussion sur l’accès aux soins de santé a permis à quatre conférenciers de partager des expériences somme toute similaires. D’abord, Emmanuel Nengo, membre de la minorité autochtone Batwa (un groupe de pygmées africains) du Burundi, explique pourquoi la santé est tant reliée aux autres secteurs de développement humain. Par exemple, le peuple Batwa, pris dans la pauvreté, l’éloignement, l’analphabétisme et ne sachant pas défendre ses droits, utilise très peu les services de médecine moderne. Pour contrer ce problème, monsieur Nengo propose non seulement de susciter un engouement pour la médecine moderne tout en la conciliant avec leur riche médecine traditionnelle, mais aussi d’avoir une politique claire sur l’éducation formelle des enfants et l’alphabétisation des adultes, d’assister les Batwa dans la construction de logements et la sécurité alimentaire et finalement de permettre aux Batwa de gérer eux-mêmes leurs terres et ressources naturelles.

Krystina Bishop, de la Banque interaméricaine de développement, intervenait ensuite sur les peuples autochtones et la santé en Amérique latine. De façon semblable à monsieur Nengo, elle cible quatre éléments qui expliquent les faibles taux d’utilisation des services de santé : les coûts de transport, les services limités lorsqu’ils sont accessibles, la barrière de la langue et le faible lien entre médecine allopathique et traditionnelle. Madame Bishop tente d’offrir des pistes de solutions par des programmes //side-by-side// (alliant tradition et modernité), une législation reconnaissant la pharmacopée traditionnelle et l’augmentation de la recherche et de la collecte de données portant sur les autochtones.

Par la suite, Sonia Martinelli Heckadon raconte son expérience avec l’adaptation culturelle des soins d’accouchement au Pérou, par exemple en offrant le placenta aux familles et en permettant l’utilisation de costumes traditionnels, ce qui a permis d’augmenter le nombre de naissances institutionnalisées et le nombre de familles adoptant par la suite la planification familiale. Madame Martinelli frappe fort lorsqu’elle dit que nous devons considérer les peuples autochtones comme étant des acteurs sociaux et non des bénéficiaires.

Finalement, Connie Siedule, du //Tungasvvingat Inuit Family Health Team//, nous parle de son expérience avec les Inuits vivant en zone urbaine à Ottawa, qui souvent ont d’importants problèmes de santé, n’ont pas de médecin de famille et ont une culture différente, comme la perception du temps. Son organisation offre des services de première ligne, comme l’éducation nutritionnelle et sur les conditions à haut risque tels que l’hépatite C et le diabète, un programme pour les patients qui souffrent de dépendances et offre de l’aide pour les jeunes et les familles, pour la formation et l’emploi. Ils ont de plus récemment ouvert un centre médical dont l’avantage est d’avoir des gestionnaires de cas aussi interprètes, de même que la présence d’une sage-femme inuit.

Comme le professeur Oxhorn l’a dit, nous avons devant nous une grande opportunité pour un monde meilleur !


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