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Un trait habile pour un polar mitigé

Le Curé de Christian de Metter et Laurent Lacoste : un crime dévoilant une humanité fragile et perverse

Gracieuseté de Casterman

Dans la solitude d’un petit village de campagne, un docteur maussade et imposant critique le catéchisme. Nous sommes en 1935, l’ambiance est désertique et sombre. Les personnages paraissent figés à la manière de leurs discours. Alors que l’on pénètre dans ce récit comme on entrerait dans un tel village, avec quelque précaution et un peu d’anxiété, on découvre des personnages apparemment tranquilles, intéressés principalement par l’arrivée d’un nouveau venu : le Père Vincent, un jeune curé plutôt bienveillant.

Gracieuseté de Casterman
Le Curé est une histoire un peu simple dans laquelle les apparences, trompeuses, cachent un secret qui va bouleverser tous les personnages, tous forcés de remettre en question leur vision un peu trop pétrifiée du monde.

Les cases, sombrement peintes à l’aquarelle et à la gouache, reflètent bien le caractère figé de la société décrite. Certaines planches paraissent particulièrement poétiques, surtout celles qui retraçent le crime : loin de le magnifier, elles dépeignent avec justesse la fascination et la persécution éprouvées par le criminel. La force du trait de Christian de Metter est indéniable : il peint avec une grande justesse les expressions de ses personnages et réussit habilement à nous faire penétrer dans leurs âmes.

Malheureusement, au-delà de cette mise en scène de la conscience des hommes, le fil du récit semble quelque peu ténu. Le scénario de Laurent Lacoste aurait sans doute mérité davantage de péripéties puisque l’histoire criminelle ne réserve finalement que peu de surprises. On reste un peu sur sa faim, malgré la qualité esthétique de l’album.


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