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Lars Von Trier, ou la mélancolie d’un génie

Melancholia est l’exposé céleste d’une société qui court à sa perte.

Gracieuseté de Brigitte Chabot Communications

À voir la récente production cinématographique de ces génies (auto) proclamés du septième art ressort un drôle de constat. La tendance semble bel et bien être aux films avec des vues astrales et des histoires de familles. Alors que Terrence Malick livrait un paysage américain d’après-guerre où enfance et création du monde se mêlaient dans un concert d’images célestes presque trop parfaites, Lars Von Trier dans un tout autre style aborde ses sujets fétiches : l’apocalypse en écho à une nature humaine troublée et en déclin.

En fait, vouloir analyser les films de Lars Von Trier, c’est essayer d’expliquer l’inexplicable. Ceux qui tentent d’interpréter (et ils sont nombreux) les multiples métaphores qu’ils croient comprendre dans l’œuvre du cinéaste tombent dans le piège que le réalisateur danois leur a tendu.

Gracieuseté de Brigitte Chabot Communications
Melancholia (du nom de la planète qui risque d’entrer en collision avec la Terre dans le film) est l’exposition déstructurée d’une famille, elle aussi en manque de repères. Le film nous fait voyager entre plusieurs univers tant psychologiques que cosmiques. D’une part, il y a le mariage, voué à l’échec, et la dépression de Kirsten Dunst, qui s’est mérité une Palme d’Or d’interprétation à Cannes sans doute plus pour la mise à nue de ses certes, très belles formes que pour le rôle de fille dérangée et malade qu’elle interprète. En seconde partie, la sœur de cette dernière, jouée par Charlotte Gainsbourg, devient la deuxième héroïne sur qui le film se focalise. L’actrice française sauve d’une certaine manière le film avec une performance quelque peu académique mais comme toujours très authentique et d’une grande vérité.

Melancholia progresse graduellement vers une fin que l’on sait fatale étant donné le caractère autodestructeur de chaque protagoniste et l’imminente collision planétaire que les personnages, impuissants, voient arriver.

Kiefer Sutherland est, quant à lui, à l’instar des seconds rôles de ce film, effacé. On ne lui a pas réellement donné l’occasion d’exprimer en totalité la complexité de son personnage. En outre, l’incessant placement de produits mine un peu l’appréciation du film avec la fréquente mise en avant de grandes marques. On aurait pu croire Lars Von Trier plus anticonformiste.

Au fond, la problématique Von Trier est la suivante : le réalisateur a, par sa pensée indépendante et son caractère gênant, réussi à tromper les critiques cinématographiques et à les tourner sur elles-mêmes. Lors de la promotion de ses films, il a enchainé en conférences de presse ce que le public croit être des maladresses ou des polémiques. Celui qui se réclame génial cultive son univers personnel choquant et perfectionniste.

Lars Von Trier demeure donc un incompris dont le cinéma est unique, distinct et certainement pas tout public. Finalement, l’œuvre vontrierienne Melancholia ne parvient pas vraiment à nous plonger dans la folie apocalyptique de la société exposée, même si cet exercice de style est toutefois mis en scène avec grande précision et esthétisme.


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