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Un problème de performance

Le parti libéral s’est entre autres penché sur l’éducation lors de son congrès, la fin de semaine dernière.

Et s’il y a une proposition qui a fait couler de l’encre (après le retour de Jean Charest sur sa décision d’organiser une commission d’enquête publique pour le scandale au ministère des Transports), celle au sujet des réformes des commissions scolaires doit être celle-là.

Soyons clairs : il y a de très bonnes intentions derrière la volonté de réformer le système scolaire qui date de Paul Gérin-Lajoie. En fait, la Fédération des commissions scolaires du Québec (FCSQ) admet que des actions doivent être prises, et c’est pourquoi depuis un an il y a concertation pour développer des mesures d’amélioration.

Le gouvernement libéral n’est donc pas révolutionnaire dans sa démarche, mais va plutôt dans le sens de ce qui a déjà été entrepris.
Pour continuer dans la même veine, disons simplement que les trois angles d’attaque de la FCSQ seront d’alléger la bureaucratie et de redorer l’image des commissions scolaires, tout en donnant plus d’autonomie aux écoles.

Là où le bât blesse
Le Parti libéral propose aussi une réforme dans sa distribution des subventions. La proposition 23 commençait bien mal au tout début du congrès. On pouvait y lire que les étudiants devraient faire des examens ministériels annuels (plutôt qu’en 4e et 5e secondaire uniquement). D’après ces résultats, le ministère serait en mesure d’établir une « comparaison de la performance des écoles […] après pondération des facteurs socioéconomiques » pour ensuite « récompenser les écoles les plus performantes dans l’octroi des budgets ».

C’est cette dernière proposition qui a déclenché un flot de vociférations (justifiées) de la part de la FCSQ, de l’ADIGECS (Association des directeurs généraux des commissions scolaires), d’enseignants de tous horizons et de d’autres fervents protecteurs de l’école publique ouverte à tous mais surtout égalitairement subventionnée.

En effet, cette proposition était douteuse. Par qui les écoles publiques non performantes seraient-elles subventionnées, si ce n’est pas par le gouvernement ? « Par McDonald » chuchote-t-on entre les lignes. Il est vrai que les écoles de décrocheurs fournissent probablement une bonne proportion de la main d’œuvre de McDo…

Mais rassurons-nous
Ce que propose finalement le parti Libéral n’a à peu près rien à voir avec les lignes crues présentées plus haut. Comme de raison, le congrès a servi a atténuer, sinon travestir, les propositions initiales pour en faire quelque chose de plus politically correct.
Après tergiversations, la proposition « de récompenser les écoles les plus performantes dans l’octroi des budgets par l’attribution de prix ou de certificats » a finalement été remplacé par « d’octroyer les budgets nécessaires pour la mise en œuvre de ces plans d’intervention », une phrase qui ne veut plus rien dire.

À la fin du congrès, ils ne présentaient rien de bien concret et parlaient plutôt de donner des prix aux écoles méritantes, une pratique qui n’a rien de bien différent des prix excellence décernés aux meilleurs étudiants, comme les Prix de la gouverneure générale ou du lieutenant-gouverneur.

Après tout ce blablatage, la proposition 23 a été refusée. Par contre, de tout ça, il faut retenir que les libéraux ont presque fait passer une idée absolument contre toutes les notions d’équité des chances et d’ouverture apprises dès le plus jeune âge. Ils ont aussi fait appel à une notion taboue dans les rangs Québécois : la performance. Brrr. Juste à y penser, le poil se dresse sur la nuque.
En fait, notre problème avec la performance vient de sa définition elle-même. Car si l’on considère que la performance ne réfère qu’aux notes aux examens ministériels, alors là, non, ça ne fonctionne pas.

Par contre, si l’on pense à la performance en terme de l’implication dans la communauté par exemple, il y a là une mesure qui pourrait avoir du sens. Des élèves de 6e année de l’école Notre-Dame, une école primaire de Saint-Jérôme lançaient hier leur programmation radio : au programme, la Grande Pétition des Écoles pour obtenir la nationalisation de l’eau. Ce type de performance, est-ce que le gouvernement libéral l’encourage ?

Notre problème avec la performance c’est qu’elle est trop souvent associée à ce qui se mesure avec des chiffres. Alors que ce qui fait la réussite d’une école, ce n’est pas les élèves avec des notes gonflées, mais ceux fiers de leurs accomplissements.


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