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Motive-moi l’AMPK

La vie est dure. Il faut se lever chaque matin, prendre le bus, le métro, le train ou marcher pour se rendre à l’université.

Une fois qu’on y est, il faut se rendre aux différents bâtiments entre chaque cours, se dépêcher pour trouver une bonne place, mais près du bord des escaliers pour pouvoir quitter le plus vite possible, puis se rendre au cours suivant. Les étudiants qui veulent s’asseoir au centre de l’amphithéâtre vous demandent de vous lever pour qu’ils puissent passer. Debout, assis, debout, assis… Le poids de votre sac à dos vous courbe l’échine, celui de votre café extra-large durci vos biceps et vous marchez encore. Une fois arrivé chez vous, il faut se nourrir, se laver, étudier et finalement dormir. Le lendemain, il faut se relever… Oui, la vie est dure !

Qu’est ce qui nous motive à accomplir toutes nos tâches et obligations jour après jour ? Il y a une vingtaine d’années, quelque chose nous a poussés à entreprendre nos études (papa et maman probablement) et une autre nous a convaincus de les poursuivre. Notre destinée ? La pression de la société ? Papa et maman encore une fois ? Ou bien un gène ? Voilà une piste bien plus intéressante d’un point de vue scientifique !

La revue Proceedings of the National Academy of Sciences of the United States of America publiait au début du mois de septembre un article à propos d’une recherche menée à l’université McMaster en Ontario qui révélait alors qu’un gène manquant, ou inactivé, serait à l’origine de la paresse. Ce gène est celui qui régule l’expression d’une protéine musculaire appelée AMPKinase qui est formée de deux sous-unités soit bêta‑1 et bêta‑2. AMPK induit une hausse de la production de mitochondries dans les cellules musculaires de la masse maigre (muscles de base ou squelettique) ce qui permet une accélération de la transformation du glucose en énergie. Si le gène n’est pas exprimé en totalité, une des sous-unités bêta n’est pas produite et s’ensuit une baisse de la capacité à faire de l’activité physique… chez les souris !

En effet l’étude était menée sur ces rongeurs qui ont la cote dans le monde scientifique puisque nous partageons bien des caractéristiques physiologiques et génétiques avec ceux-ci. AMPK fait partie de ces éléments communs, ce qui nous permet de faire le parallèle avec les êtres humains. Les souris auxquelles on inhibait le « gène de la paresse » avaient de médiocres performances au tapis roulant, devenaient généralement inactives et prenaient du poids. Alors comment exprimer ce gène chez l’humain ? En faisant du sport ! L’inactivité inhibe l’expression du gène alors que l’activité physique la stimule, ce qui explique qu’il est si difficile de commencer un programme au gym ou un nouveau sport alors qu’une fois les entrainements commencés, les difficultés s’envolent.

Par contre, il faut faire attention : dans cette étude, il est question de paresse physique. On peut faire des liens avec l’obésité par exemple ou les raisons qui nous poussent à ne pas avoir envie d’aller faire du jogging. Il faut mettre un bémol si l’on veut discuter de la motivation à l’école ou au travail. Si vous prétextez que vous êtes convaincu de ne pas avoir le gène de l’AMPK à votre professeur, même s’il est un imminent chercheur en biologie cellulaire, ça ne passera pas ! La paresse mentale, ou démotivation, va plutôt chercher sa source dans la psychologie. Si votre motivation vous est intrinsèque, alors elle sera soutenue. Si vous êtes en médecine pour le salaire que vous ferez ou pour plaire à vos parents, vous comptez donc sur des raisons extrinsèques et aurez alors des difficultés à réussir. Si vous êtes en sciences politiques parce chaque matin vous vous levez en vous demandant si Charest a démissionné et si le PQ a implosé, alors votre motivation atteindra des sommets durant vos études puisque des motifs intrinsèques à votre personnalité sont à la source de vos projets. Plusieurs théories en psychologie ont été établies au XXe siècle impliquant même des calculs d’amplitude et des ratios de motivation. Le domaine de la psychologie décrit la motivation comme une force qui « propulse et dirige » le comportement, les sentiments, la cognition et les sensations qui indiquent à l’individu comment il doit se comporter.

Enfin, il s’agit d’un sujet complexe à approfondir. Il est possible de s’y attaquer d’un point de vue évolutionniste, par les neurosciences, la psychologie, la génétique et comme dans bien des sujets en science, toutes ces voies apporteraient des éléments indispensables à la compréhension du concept de cette motivation que nous cherchons tous, telle une oasis dans un désert de notes de cours et d’examens.


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