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Rêver éveillé

Je me revois clairement marcher, tomber. J’essaie de me relever, mais cela m’est impossible. Je suis accrochée à une falaise, incapable de remonter.

Impossible aussi de voir le fond –l’abîme est trop profond. « Et si je rêvais ? », je me demande. « Si je rêvais, je pourrais me lâcher… juste pour voir. Ce serait plutôt drôle. » Sans vraiment m’en rendre compte, c’est ce que je décide de faire. Je lâche prise et tombe. J’atterris au milieu d’un lac paisible. Je décide de m’aventurer à la découverte de ces nouveaux parages… et mon rêve s’achève.

A mon réveil, je saisis mon Mac et fais quelques recherches à propos de ce rêve conscient. J’apprends que je viens de faire un rêve dit « lucide » –il existe des centaines de sites web consacrés à ce phénomène. Un petit faible pour DiCaprio dans Inception m’a peut-être influencée, me voilà fascinée.

Alors, qu’est-ce qu’un rêve lucide ? Selon la définition qu’en donne Wikipédia, il s’agit d’un « rêve dans lequel le sujet est conscient de rêver ». Il en existe deux sortes : d’une part, les rêves lucides initiés pendant le sommeil (ceux qui se produisent un peu « par accident »), d’autre part, les rêves lucides initiés au moment ou le rêveur s’endort. Dans ce cas, le rêveur passe directement de l’éveil au rêve. Il contrôle donc ce qu’il voit et ce qu’il fait.

Il est possible de s’entraîner à faire des rêves lucides. Le plus important est d’être capable de se souvenir de ses rêves. Inutile de s’entraîner à faire des rêves lucides si l’on est incapable de s’en souvenir au réveil. De plus, c’est en développant cette mémoire que l’on distingue plus facilement nos rêves de la réalité. Il est donc fortement recommandé de noter tous ses rêves dans un journal. Cela permet d’identifier des motifs récurrents. Essayez de rester allongé quelques secondes au réveil, les yeux fermés ; cela permet de se concentrer sur les dernières images du rêve et de s’en souvenir plus facilement.

Pendant la journée, on recommande de se demander plusieurs fois : « Est ce que je rêve ? » et de s’assurer que ce n’est pas le cas. On peut se regarder dans un miroir, par exemple ; lors d’un rêve, notre propre image est parfois trouble, bizarre, différente. Lire permet aussi de distinguer le rêve de la réalité ; concentrez-vous donc sur un texte ou sur une montre, levez les yeux, puis regardez à nouveau. Le texte (ou l’heure) aura sûrement changé si vous rêvez. Lorsque la pratique de tels tests sera devenue une habitude, vous commencerez à les effectuer en rêvant, et vous pourrez alors être conscient que vous rêvez.

Par ailleurs, pour pouvoir passer directement de l’éveil au rêve lucide, il faut rester conscient pendant l’état intermédiaire. En vous endormant, visualisez la transition au monde du rêve ; essayez de vous imaginer dans des escaliers ou de tourner sur vous-même. Ne vous laissez surtout pas distraire. Lorsque les images deviennent plus vives, c’est que vous entrez dans le rêve. Pour s’entraîner, le chercheur Stephen LaBerge recommande de faire sonner un réveil au bout de quatre heure et demie, six ou sept heures de sommeil ; le but est de se réveiller, de se concentrer sur le rêve que l’on vient de faire et d’essayer d’en reprendre le cours tout en sachant qu’on est en train de rêver. Mieux vaut tenter un rêve lucide lorsqu’on a mal dormi la nuit d’avant, ou lors d’une sieste ; certaines études prouvent que les rêves lucides sont plus rares lors d’une nuit normale.

Ce processus d’entraînement requiert beaucoup d’effort. Impossible de prédire combien de temps cela prendra. Pourtant, le résultat ne peut être que gratifiant. Faire un rêve lucide revient tout d’abord à dominer son propre esprit ; il devient donc possible d’éviter les cauchemars. Cela permet aussi de se réconcilier avec son inconscient. Pour ceux qui aiment tout contrôler, on peut vivre des choses qui nous sont hors de portée au quotidien : voler, se téléporter, voyager, changer d’apparence, respirer sous l’eau. Un monde où tout est possible s’ouvre à nous.


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