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La drague 2.0

Comment ikiffu​.fr pourrait révolutionner la façon de faire la cour de nos cousins français.

« Séparés par quelques tables, nos regards se sont croisés. J’ai craqué pour ses yeux bleus. C’était hier à la bibliothèque, j’aurai dû lui parler. Si seulement…» Ce genre de pensées récurrentes habitent les étudiants pendant les longues heures de solitude ou d’ennui que constituent les cours et les périodes de révisions. Cette question émotionnelle a trouvé sa réponse il y a quelques mois avec le lancement du site américain www​.likealittle​.com dans plusieurs universités aux États-Unis et au Canada, permettant ainsi aux étudiants de flirter grâce à la publication de messages anonymes. Suite à l’explosion de sa popularité, amplifiée par le stress et la procrastination qui caractérisent les semaines d’examens finaux, le site a fait écho jusqu’en Europe. L’idée a séduit le Français Olivier Sarezinski qui, avec une équipe dans la toute récente agence web parisienne Net Exetera, a voulu offrir un service équivalent aux étudiants français. Le concept est simple : un coup de cœur, un message anonyme décrivant l’intéressé(e), le lieu et l’heure de la rencontre ; on n’a plus qu’à espérer une réponse. Le message est appelé un kiff, en référence au mot d’argot français voulant dire « apprécier », par déformation de l’arabe kif, au Maghreb, qui signifie plus ou moins « plaisir ».

Raphaël Thézé | Le Délit

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Sans chercher à innover complètement, les concepteurs français proposent de légères adaptations, notamment au niveau de l’ergonomie, plus attrayante, et dans une utilisation simplifiée du site. L’ajout majeur, et probablement le plus intéressant pour les étudiants, est la création d’une application mobile qui offrira un accès plus efficace et discret au site en tout temps. Ainsi, après une mise en place rapide en quelques jours, le site www​.ikiffu​.fr est né.
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Ce type de réseau social pour étudiants était quasi inexistant en France. En effet, le réseautage semble plus présent dans la culture anglo-saxonne, dans laquelle on observe bien souvent une distance respectueuse avec les inconnus. L’utilisation d’Internet fournit alors un outil fantastique pour créer des liens et amplifier les rapports sociaux. La culture francophone, quant à elle beaucoup plus directe et expressive, a moins recours à ce genre d’outils, car le besoin est moins présent. Les concepteurs de www​.ikiffu​.fr en sont parfaitement conscients et se disent prêts à prendre le risque de lancer le concept en France. Malgré le lancement officiel du site en pleine période de fêtes, et donc de congés scolaires, le site a reçu près de 5 000 visites au cours de cette période. C’était une décision difficile, selon les dires de Monsieur Sarezinski : « Nous étions confrontés à un dilemme, car attendre signifiait se faire doubler par un autre, bref nous avons pris ce risque… Dans tous les cas, nous préparons pour la semaine prochaine une campagne sur le terrain à l’Université Panthéon Sorbonne. Le pari est de réussir à se faire remarquer à cet endroit pour que la sauce prenne dans les autres universités. » Il reste encore du chemin à faire au jeune site français avant d’atteindre la popularité de son grand frère américain, mais il ne fait aucun doute que les étudiants français vont kiffer.


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