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Tout feu tout flamme

Que dire, lorsque toutes les évidences sont là, devant vos yeux ? Que dire à des gens qui voient le projet d’une vie s’enflammer au benzène, toluène et autres chimiqueries ?

Le documentaire L’eau brûle [Burning Water] ne pouvait tomber plus à pic. Écrit par Tadzio Richards et coréalisé par Cameron Esler, le reportage allie les deux reporters pour présenter un contenu explosif : les conséquences néfastes de l’extraction des gaz de houille [similaire au gaz de schiste] pour un couple de fermiers albertains. 

L’histoire se passe en 2003, lorsque la compagnie de pétrole et de gaz naturel EnCana s’installe à Rosebud, une petite communauté rurale de l’Alberta. Les deux exploitants, Fiona et son mari Peter Laurisden rêvaient d’un petit patelin où élever leur bétail, mais se retrouvent rapidement aux prises avec un problème de taille. EnCana leur empoisonne littéralement la vie. Des produits qui ne devraient pas se retrouver dans les sols contaminent l’eau et brûlent la peau. Vers qui les Laurisden peuvent-ils se tourner pour prouver que l’intoxication de leur eau résulte des activités de la compagnie, et régler ainsi le problème qui nuit à leur entreprise et à leur bien-être ? Malheureusement, il semblerait que personne ne souhaite prendre parti dans cette affaire délicate. Après une requête au gouvernement albertain pour une étude de leur nappe phréatique, Fiona, qui tente de prendre le taureau par les cornes, se heurte à un mur. La compagnie s’autoamnistie et le ministère de l’environnement s’en lave les mains. On leur répond qu’ils ont probablement, faute de soin, contaminé leur eau eux-mêmes. 

Le documentaire a la qualité d’apporter émotions et frissons à l’auditoire. Le combat vécu par deux personnages réalistes dans un contexte authentique donne une dimension intimiste au film qui marque la conscience. La trame sonore vient souligner les émotions en montagnes russes exprimées par Fiona Laurisden, lorsqu’elle tente par tous les moyens de recevoir des excuses de la part de la compagnie. De plus, le documentaire aborde explicitement le côté social du débat : le combat fratricide qui agite tous les citoyens de Rosebud. En effet, le combat du couple Laurisden remet en cause les contributions de la compagnie EnCana à la communauté : subventions de la bibliothèque, du théâtre, du centre communautaire… Devant l’immobilisme des citoyens, du gouvernement et même de ses proches, Fiona se sent complètement dépourvue de ressources. 

L’eau brûle dépeint un problème qui pourrait bientôt devenir une préoccupation québécoise. Amir Khadir crée en effet un lien entre cette réalité albertaine et la question des gaz de schistes à travers la projection d’un court-métrage pendant lequel le chef du parti Québec Solidaire souligne avec ferveur l’importance de la tenue d’un moratoire sur l’exploitation des gaz de schiste au Québec.
Un film d’actualité à l’heure où la Belle Province est sur le point de statuer sur ce dossier brûlant. Présenté au Cinéma du Parc jusqu’au 7 octobre. 


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