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Abandonner la voiture ou le steak ?

Meat the truth ou comment cerner l’impact de l’élevage de bétails sur le climat pendant les soixante-quatorze minutes d’un documentaire plutôt bien ficelé.

Documentaire sur les conséquences écologiques de l’élevage de bétail, Meat the truth questionne nos habitudes de consommation de viande au quotidien, une consommation qui est au cœur de notre diète et est devenue, avec le temps, un modèle social positif, un signe évident de richesse. Loin de prôner le végétarisme, encore moins le végétalisme, Marianne Thieme, présentatrice du documentaire, explique à l’aide de témoignages, dessins animés, vidéoclips et tableaux explicatifs à quel point l’élevage de bétail est plus néfaste pour l’environnement que ne le pense une majorité de gens. L’élevage de bétail –c’est-à-dire l’élevage des animaux mais aussi tout le système qui l’entoure : les forêts détruites pour cultiver le soja destiné à nourrir les animaux, l’engrais, les transports utilisés par cette industrie, etc.– constitue 18% des émissions globales de gaz à effet de serre, contre 13% pour l’ensemble des transports. 

Afin d’avoir un réel impact sur les spectateurs, Marianne Thieme, députée pour les droits des animaux en Hollande depuis 2006, réunit dans Meat the truth des témoignages de politiciens, fermiers, chercheurs, et autres. Si les interventions de la part des célébrités hollywoodiennes telles que Bill Maher, Emily Deschanel ou Pamela Anderson ne servent qu’à marquer l’esprit du public et n’apportent ni information ni argument, les affirmations des spécialistes tels que Henning Steinfeld, de l’organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, amènent réellement le spectateur à méditer sur ce problème. Ainsi, différents chercheurs assurent que réduire sa consommation de viande, ne serait-ce que d’une journée par semaine, aurait un impact aussi important sur l’environnement que de remplacer la voiture par le vélo. Grâce à ce type d’argument, Meat the truth semble atteindre parfaitement son objectif : loin de tout sensationnalisme, le documentaire valorise les petits gestes de chaque citoyen au lieu de bombarder le spectateur de culpabilité et de sacrifices à faire.

Au cas où l’argument écologique n’aurait pas suffit à convaincre son public, Marianne Thieme n’hésite pas à évoquer les conséquences positives qu’un léger changement de diète peut avoir sur la santé. Elle aborde aussi la question du respect et de la protection des animaux, dont les conditions de vie sont déplorables dans les fermes industrielles –les exemples les plus frappants sont le débecquage des poules et l’entassement des vaches, cochons et autres animaux d’élevage.

S’il est à déplorer que Meat the truth s’attarde trop longuement sur une critique –sans doute justifiée mais quelque peu redondante– du film d’Al Gore An Inconvenient Truth, il n’en reste pas moins que ce documentaire aborde de manière intéressante et percutante la question de la consommation de la viande, tantôt avec humour et distance, tantôt avec sérieux et émotion. 


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