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Hausse risquée

Tous les partis concernés par l’éducation au Québec ne s’entendent pas sur la façon dont elle devrait être financée.

Le montant exigé des étudiants pour leur éducation post-secondaire continue de faire couler beaucoup d’encre. Le Délit dresse en cette fin de session le portrait des solutions proposées par les différents acteurs en présence, des événements de la dernière session et des dossiers à surveiller l’an prochain.

Le financement étudiant

La hausse des frais de scolarité de la Maitrise en Administration des Affaires (MBA) de l’Université McGill illustre bien la possibilité de pallier aux déficits des facultés en se défaussant de la facture sur les étudiants. En janvier dernier, le programme de gestion a annoncé une hausse des frais de scolarité de plus de 1600%, faisant passer le coût d’inscription au programme de 1673$ à 29 500$ en un an. Dans une lettre adressée à la rectrice de l’université McGill, datée du 15 janvier 2010, la ministre de l’Éducation, des loisirs et des sports, Michelle Courchesne pointe du doigt la décision prise par l’institution académique d’être allée de l’avant avec une telle hausse, puisqu’elle « contreviendrait à l’accessibilité de l’éducation ».

McGill se défendait pourtant de réserver 4000$ des 29 500$ à l’aide financière, rendant le programme accessible au 20% qui en a véritablement besoin. La situation inquiétait alors le président de la FEUQ, en cela que cette hausse de frais risque d’encourager d’autres établissements universitaires à emboîter le pas de la hausse.

Les étudiants s’étaient formellement opposés au modèle d’autofinancement tel que suggéré par le programme du MBA. Une motion adoptée en Assemblée générale mandate l’Association étudiante de l’Université McGill (AÉUM) pour faire pression auprès de l’administration universitaire, des gouvernements provincial et fédéral contre une telle modulation des frais de scolarité, en particulier pour les programmes universitaires à vocation plus professionnelle, tels le droit, la médecine, la dentisterie et l’ingénerie. D’ailleurs, le Pacte pour le financement concurrentiel des universités, signé à la début mars par une quinzaine de personnalités publiques promeut notamment le maintien du niveau actuel du financement public et un déplafonnement des frais de scolarité. La FECQ trouve irréfléchies les idées et les solutions véhiculées par ce texte. « Déplafonner les frais de scolarité amènera une baisse des inscriptions, et bloquera l’accès à l’université aux jeunes de la classe moyenne inférieure », arguait le président de la FECQ. Selon la TaCEQ, le Québec fait déjà face à un problème endémique de décrochage, et une application des principes du pacte ne ferait qu’aggraver la situation. En revanche, le ministre des Finances, M. Raymond Bachand, et la ministre de l’Éducation, du Loisir et du Sport, Mme Michelle Courchesne, en ont pris connaissance avec intérêt. « Ce document reprend de nombreuses idées et propositions entendues dans le cadre des consultations pré-budgétaires et lors de la Rencontre économique 2010 », a affirmé le ministre des Finances.

De plus, dans une étude réalisée par Valérie Vierstraete, économiste à l’Université de Sherbrooke, il est énoncé que les étudiants québécois disposent d’un revenu personnel moins élevé et la génération de leurs parents a moins fréquenté l’université que dans les autres provinces canadiennes, deux facteurs qui ont un effet négatif sur la poursuite des études des jeunes. Ainsi, les étudiants québécois seraient plus sensibles à une hausse du coût de l’éducation que leurs homologues canadiens.

Le financement corporatif

En réponse à des coupures budgétaires significatives, le Département des Sciences de la terre et des planètes de McGill a fait campagne dans les dernières années pour renflouer ces coffres. La corporation minière Osisko a répondu par la signature d’un contrat de 4,1 millions de dollars. Certains craignent que les dons puissent devenir une avenue supplémentaire pour la formation professionelle intéressée. Les 4 millions servant notamment à l’emploi de deux professeurs en géologie économique, certains s’inquiétent que, dans la cas d’Osisko, le Département ne fasse plus que « assurer l’avenir de l’industrie », comme l’écrivait le président et chef de la direction d’Osisko, par voie de communiqué. D’autres redoutent des brêches à l’éthique.

Le financement fédéral, et provincial

À travers une mobilisation sur la colline parlementaire, les fédérations étudiantes (FEUQ et FECQ) réclamaient d’Ottawa un transfert en vue d’un réinvestissement en aide financière aux études, notamment les 118M$ qui, selon eux, « revenaient de droit aux étudiants québécois ». En réponse, le ministre fédéral Christian Paradis annonçait un transferts de 125 millions de dollars vers la capitale québécoise. L’argent n’est toujours pas entre les mains des étudiants, selon la FEUQ.

En ce qui concerne les solutions au sous-financement chronique des universités québécoises, on envisage ainsi une hausse des frais de scolarité (modulée ou non), des donations privées, ou un plus grand financement public. Les bénéfices et dangers de ces différentes solutions seront d’ailleurs discutés par Maître Julius Grey, professeur à la faculté de droit de l’université McGill, Françoise David, porte-parole de Québec Solidaire lors d’un panel qui se tiendra ce mercredi 31 mars entre 14 et 16 heures, dans le Lev Buckham du bâtiment Shatner.

Pour plus d’informations, visitez ssmu​.mcgill​.ca/​t​u​i​t​ion


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