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Les pétrolières brisent la glace

Vendredi dernier, la série nationale de conférences Oil and Ice Tour de la World Wildlife Fund faisait un arrêt à McGill. Les deux journalistes et auteurs invités ont sonné l’alerte quant à l’exploitation pétrolière au Canada.

Alors que le réchauffement climatique et la fonte des glaciers sont des phénomènes de plus en plus exposés par les médias, l’organisme World Wildlife Fund (WWF) cherche à attirer l’attention de la population sur un autre enjeu majeur du XXIe siècle : l’exploitation pétrolière dans le Grand Nord canadien et en Alberta. La tournée nationale de conférences Oil and Ice Tour s’est arrêtée à McGill vendredi dernier. Les deux journalistes invités –Ed Struzik, auteur du livre The Big Thaw, et Andrew Nikiforuk, auteur de Tar Sands– ont dressé un portrait inquiétant de la situation.

D’ici 2050, deux-tiers des ours polaires et 15 000 lacs dans les environs du delta du fleuve Mackenzie pourraient disparaître si le réchauffement climatique se poursuit au rythme actuel, selon Ed Struzik. Soulignant d’abord la richesse de cette région si fragile du globe qu’est le Grand Nord canadien, M. Struzik a ensuite démontré à quel point ce territoire était ravagé par l’activité humaine. Le journaliste a cité des « statistiques plutôt juteuses » pour les compagnies d’exploitation d’énergies fossiles, indiquant que l’Arctique recèlerait 30% des ressources mondiales du gaz et 13% du pétrole pas encore découvertes. Alors que « pipelines et mines veulent dire prospérité et argent, les habitants des régions de l’Arctique devront s’habituer aux conséquences de l’implantation de l’industrie pétrolière dans les décennies à venir », a fait savoir M. Struzik.

Le second conférencier, Andrew Nikiforuk, a discuté des sables bitumineux en Alberta. Il a expliqué que cette province a toujours été tournée vers ses ressources premières, mais que, « ce qui est nouveau, c’est la rapidité et l’échelle à laquelle l’exploitation se fait de nos jours ». Il n’a pas manqué l’occasion de critiquer les politiciens, tous partis confondus, allant même jusqu’à qualifier le Canada de « pétro-État ».

M. Nikiforuk s’en est pris à l’exploitation du pétrole qui, selon lui, a modifié notre mode de consommation et a « codé notre système financier ». Commentant brièvement la crise économique, il a estimé que « la volatilité financière sera[it] désormais monnaie courante à cause de notre dépendance » à une ressource d’énergie non renouvelable.

Citant les Chinois et même l’Armée américaine, devenue pionnière dans les énergies renouvelables, Andrew Nikiforuk a invité l’audience à réduire son empreinte sur l’environnement. M. Struzik, quant à lui, est allé jusqu’à envisager un traité de l’Arctique pour réguler l’activité humaine dans le Grand Nord. Un dossier à suivre pour le Canada… 


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