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Des femmes en or

« S’il fut un temps où les Québécoises devaient se batailler pour prendre leur place sur les bancs d’école, force est d’admettre que ce sont maintenant elles les plus scolarisées », pouvait-on lire en tête d’un texte du Devoir dans son édition du 18 septembre dernier. L’article relate les conclusions auxquelles en est venu l’Institut de la statistique du Québec (ISQ) après analyse des données du recensement de 2006. Les chiffres montrent en effet que 51,6% des Québécois âgés de vingt-cinq à soixante-quatre ans qui possèdent un diplôme universitaire sont des femmes. La tendance à la féminisation universitaire serait d’autant plus marquée chez les jeunes puisque 32 % des 25–34 ans sont détentrices d’un diplôme universitaire, contre 23% des hommes de cette classe d’âge. Cette tendance peut être perçue par certains comme une bonne nouvelle –les femmes constituent après tout environ 51% de la population et il est donc dans l’ordre des choses qu’elles représentent 51,6% des diplômés universitaires– ou comme une mauvaise nouvelle, puisqu’elle témoigne du « malaise de l’homme québécois » qui peinerait à faire sa place dans une société contrôlée par les féministes à la Lyne-la-pas-fine. Il faut néanmoins être prudent –comme avec toute statistique– et prendre acte du portrait plus large avant de se réjouir ou de décrier.

Quelques données à prendre en compte, tirées d’une étude de l’Association canadienne des professeures et professeurs d’université :

- Bien que la proportion de femmes détentrices d’un diplôme de premier cycle dépasse les 50%, celle-ci tombe à 48% au niveau de la maîtrise et à 43% pour le doctorat. De surcroît, les femmes ne représentent qu’un quart des doctorants qui ont un emploi stable sur le marché du travail.

- Le revenu médian des diplômés du premier cycle avoisine les 48 000$, alors qu’il n’est que de 43 000$ pour les diplômées.

Et ce n’est pas que du côté des bancs d’école que l’écart entre les hommes et les femmes persiste, puisque le son de cloche est le même du côté du tableau noir : le corps professoral est encore majoritairement composé d’hommes, et ceux-ci sont encore et toujours mieux payés que leurs consœurs.

- Des membres du corps professoral à temps plein, 34% étaient des femmes en 2007.

- En 2007, l’écart salarial entre les hommes et les femmes persistait : les professeures titulaires gagnaient 95% du salaire de leurs homologues masculins, les professeures agrégées, 97%, et les professeures adjointes, 96%.

Bon, inutile de vous bombarder outre mesure de chiffres supplémentaires (après tout, what’s in a statistique?), ce qui importe, c’est de dire qu’il reste encore du chemin à faire avant que l’équité entre les sexes soit atteinte dans le milieu de l’éducation, et c’est d’autant plus vrai si on se penche sur la place des femmes dans le milieu professionnel une fois qu’elles sont sorties en plus grand nombre des universités avec un diplôme sous le bras. Que l’on ne s’y méprenne pas, la situation des femmes québécoises est des plus enviables : elles sont sans doute parmi les plus émancipées et les plus libres de la planète. Mais les améliorations notables de la condition féminine n’apparaissent pas d’elles-mêmes, elles ont été –et sont toujours– le fait de décennies de militantisme et d’actions politiques.


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