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Dans le labyrinthe

Mardi dernier, la formation Malajube lançait Labyrinthes, un album très attendu sur la scène musicale québécoise.

Les fans étaient impatients de mettre la main sur le plus récent opus du groupe montréalais Malajube, qui n’a cessé de faire parler de lui depuis la sortie de son premier album, Le Compte complet, en 2004. Ces dernières années, les membres de Malajube ont fait un malheur au Québec, ont conquis les États-Unis, ont joué sur plusieurs scènes européennes et se sont même aventurés jusqu’au Japon. Partout, ils ont fait danser les foules sur leurs musiques à la fois complexes et accrocheuses. « Montréal ‑40 ºC », le titre le plus populaire de la formation, a connu tant de succès qu’il en est presque devenu notre nouvel hymne national !

Le vent de nouveauté que nous proposait Malajube s’est transformé en véritable tempête, métamorphosant la scène musicale québécoise en lui donnant de nouvelles couleurs. La barre était donc haute pour ce troisième album, que l’on voulait aussi original que les précédents. Après le succès de Trompe‑l’œil, paru en 2006, les fans étaient en droit de s’attendre à de grandes choses de la part de la formation. Si certains resteront peut-être un peu sur leur faim à l’écoute de Labyrinthes, il reste que le son typiquement « malajubien » y est, et le public retrouve avec plaisir le groupe qui, au terme d’une longue tournée à l’étranger, lui revient enfin.

La plus grande qualité de Labyrinthes est sans aucun doute son unité. Chacune des pistes de l’album fait partie d’un tout musicalement impeccable dont on admire la cohérence. Encore une fois, Malajube nous épate à grands coups de mélodies savamment concoctées, où chaque instrument se superpose aux autres, pour donner un millefeuille musical absolument délicieux. Les quatre Montréalais – car ils sont bien quatre depuis le départ du guitariste Renaud Bastien – sont en effet d’admirables musiciens, fait dont on ne peut plus se permettre de douter. La voix aérienne de Julien Mineau vient s’ajouter à ce complexe alliage et agit, comme le soulignent eux-mêmes les membres du groupe, comme un instrument de musique, sans être mise à l’avant-plan. C’est là la recette de Malajube, et elle n’a pas changé. Le ton est toutefois un peu différent sur Labyrinthes. On n’y retrouve pas les mélodies à saveur pop auxquelles nous avait habitué la formation et qui, sans trop donner dans le « pop bonbon », étaient si accrocheuses. C’est un côté plus planant de Malajube qui est ici mis en valeur. Que les fans se rassurent, le groupe n’est pas devenu plus sage pour autant.

Le tout est très juste, et Malajube ne déçoit pas. Cependant, il semble que plusieurs écoutes soient nécessaires pour réellement apprécier Labyrinthes à sa juste valeur. Si la qualité de l’album est indéniable, on n’y retrouve pas véritablement de hits, de chansons fortes comme ont pu l’être « Montréal ‑40 ºC » ou « La Monogamie », et qui ont le pouvoir de conquérir l’auditeur dès les premières notes. Ce n’est pas un album coup de foudre, mais un album que l’on apprend à aimer, dont on découvre les sonorités une à une et dont on apprécie les particularités. C’est ainsi que, séduite par « Le Tout-puissant » et « Les Collemboles », j’ai réappris à aimer Malajube. Un Malajube plus subtil, mais qui n’a rien perdu de sa verve et de son originalité.


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