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Augmentations mammaires en vente libre au Shatner

C’était lundi soir. Longue soirée de production au journal. L’estomac dans les talons, j’ai pilé sur mes principes et me suis dirigée vers le Liquid Nutrition du Shatner, afin de me procurer de quoi tenir bon toute la soirée.

C’était la première fois que je me rendais dans un Liquid Nutrition, et je dois dire que même si je savais à peu près à quoi m’attendre, jamais je ne m’attendais à avoir la surprise qui suit. Comme je faisais la file pour commander, je me suis mise à regarder les produits dans les étalages, ce qui m’a permis de découvrir la vocation quasi médicale de l’endroit. McGill veut votre bien, keep that in mind.

Mon regard est aléatoirement tombé sur une boîte sur laquelle il était écrit : « FIRM‘N GRO, Pour des seins plus gros et fermes ».
Quelle bêtise, que je me suis dit. Comme si ça se pouvait vraiment ! Mais cette exclamation ne signalait pas la fin de mon questionnement.

Mon but n’est pas de ramener le débat sur ce qui est dirigé par les étudiants et ce qui ne l’est pas sur le campus, même s’il est encore et toujours d’actualité. À chaque fois que la question refait surface, on obtient la même réponse : McGill vise une centralisation de ses services afin d’assurer la salubrité des lieux et tout le tra-la-la. C’est ce qui explique la chaude lutte qu’a dû mener le Architecture Café pour sa survie l’an dernier. Et ce qui a provoqué l’ouverture d’un Subway dans la Faculté des arts. Horreur.

Si McGill tient tant à garder le contrôle sur ce qui se fait sur le campus, voulez-vous bien me dire pourquoi on peut se faire grossir les seins au Shatner ? L’ironie semble d’autant plus frappante que l’établissement du Shatner est le cœur de la vie étudiante mcgilloise, même s’il est sans doute l’endroit le plus hideux du campus –et aussi l’endroit où la bouffe est la plus indigeste dans toute la ville.

Si, au départ, je me disais qu’aucune étudiante saine d’esprit n’irait acheter un tel produit, vous savez aussi bien que moi que ce n’est malheureusement pas vrai. Certaines étudiantes accordent plus d’importance à la taille de leurs bonnets qu’à leur moyenne.

Je me suis donc rendue une seconde fois au Liquid Nutrition, question de me procurer ledit produit pour écrire ma chronique (non, mais je vous jure que c’était pour ma chronique). J’ai demandé quelques informations à l’employé. J’étais assez gênée, merci. Apparemment, le produit est légal. Et puis ça fonctionne vraiment si l’on suit les instructions. Le prix ? Pas moins de 120 dollars ! Vous devinez donc qu’ à ce prix-là, j’ai laissé tomber la blague.
Bien que le produit en tant que tel soulève plusieurs débats des points de vue médical et légal, sa présence sur le campus à des fins commerciales doit, d’un point de vue éthique, être questionnée, revue, abolie.

Et puis, en passant, j’ai commencé à ressentir la faim trois quarts d’heure après avoir fini mon jus Liquid Nutrition.


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