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Gabor, Doreen, Andrea et le public

Du 10 octobre au 1er novembre, la galerie McClure accueille le photographe Gabor Szilasi et sa Famille.

Pour souligner son quatre-vingtième anniversaire, le photographe montréalais, originaire de Hongrie, s’est fait proposer une exposition par le centre d’arts visuels McClure, situé dans Westmount, quartier qu’il habite depuis son arrivée au Québec en 1959. Photographe pour l’Office national du film  durant plusieurs années, il a voyagé dans plusieurs régions du monde, et ce qui l’a toujours attiré est l’aspect humain des lieux qu’il visitait. Il affirme de fait que les meilleurs portraits qu’il a capturés ont été ceux de « gens qui voulaient être photographiés par [lui] et qu’[il] voulait photographier ».

C’est donc dans l’intimité de la galerie McClure que le public peut faire connaissance avec Gabor –qui apparaît d’ailleurs lui-même sur quelques clichés–, Doreen, sa femme, et Andrea, sa fille. La sélection des différentes photographies, effectuée par toute la famille, permet un dialogue avec le public. On ne voit pas des souvenirs que seuls comprennent les membres de la famille et leurs amis ; chaque photographie est un monde auquel les spectateurs peuvent accéder.
Gabor Szilasi a enseigné au cégep du Vieux-Montréal puis à la Faculté des Beaux-arts de Concordia, où il a pu troquer les cours de technique contre des cours de créativité, ce qu’il préfère de loin. Il affirme d’ailleurs que la technique est secondaire. C’est le cœur, l’œil et l’esprit qui agissent et choisissent. Il ajoute que les gens ne regardent pas la technique. Ils sont davantage touchés par le côté humain.

Après avoir photographié la révolution hongroise et ses horreurs, il est arrivé au Québec et a rencontré Doreen dans une galerie d’art. Après la naissance d’Andrea, les photos se sont multipliées, plus joyeuses cette fois, mais non moins nombreuses. Doreen affirme d’ailleurs que Gabor voit la vie à travers l’œil de l’appareil. Il est sensible à l’éclairage des différentes boutiques qui ornent la rue Sainte-Catherine, aux graffitis qui constituent un décor parfait pour les grimaces d’Andrea, à l’arche formée par le lit conjugal qui rehausse la composition d’un moment de tendresse entre mère et fille. Or, cette sensibilité est loin d’être kitsch. Gabor est catégorique : aucune photo témoignant d’une sentimentalité excessive n’est tolérée dans cette exposition !

Cette modération ainsi que quelques bribes d’humour rendent les clichés plus naturels et plus profonds. Ce même effet est produit par le noir et blanc qui, selon Gabor, permet de rester focalisé sur l’essentiel plutôt que de se perdre dans des détails tels que la couleur de la peau. Son utilisation de la lumière est de fait très intéressante.

La disposition des diverses œuvres a d’ailleurs été modifiée depuis le début de l’exposition. Elle est passée du simple parcours chronologique à des séquences de deux à trois clichés. Le nouvel agencement joue sur les contrastes et permet de mieux cerner la luminosité de chaque photo. L’exposition est du coup beaucoup plus dynamique.

Famille est une rencontre avec une famille heureuse, unie et simple, qui partage avec nous une bribe de son histoire à travers des images qui ne cessent de nous faire sourire.


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