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Le journalisssme

La Soirée des activités provoque des réactions diverses. Les futurs médecins ou avocats s’échinent au sprint de « j’écris-mon-nom-sur-le-plus-de-listes-possible » pour remplir leur CV et montrer en entrevue combien ils sont « dont bien » polyvalents. Plus timides, les nouveaux venus se promènent, hésitants entre les différentes tables, et posent la question à un million de dollars : « Puis-je m’impliquer ? » Petite parenthèse, Le Délit a plusieurs fois été tenté –à titre purement expérimental- de répondre « non » à cette profonde interrogation, juste pour tester la réaction des gens. Malheureusement, notre situation démographique nous freine dans ce genre de tentatives.

Être concurrentiel

Notre nombre limité de recrues nous a tout de même poussés à de stratégiques remises en question. Pas des interrogations faciles du type « avons-nous lieu d’être ? » ou « sommes-nous une voix pour le corps étudiant ? », mais plutôt comment le journal pourrait-il concurrencer la popularité de ceux qui jouent à « à go on change le monde »?. Nous avons malheureusement realisé que “l’élite mcgilloise” se laisse facilement emballer par les tables débordant de bonbons, badges ou autres « gugusses » attrayants.

Péripéties journalistiques

Pour mener à bien cette réflexion, Le Délit a eu la chance unique, la fin de semaine dernière, de participer à une conférence avec d’autres médias étudiants canadiens. La rencontre a donné lieu à quelques autres questionnements existentiels du type « serons-nous payés un jour ? » Rien de comparable, bien sûr, avec la résolution de la crise nucléaire en Iran, comme cela se fait lors des simulations des Nations Unies. (En fin de compte, les relations internationales sont peut-être plus glamour.)

N’empêche, le milieu journalistique possède aussi son lot de péripéties apocalyptiques. De quoi occuper ceux qui aiment que ça bouge. À en écouter parler certains, l’état d’alerte atteindrait des proportions inégalées : le nombre de pigistes est tel qu’on ne sait plus quel pont leur faire inspecter en attendant qu’il tombe ; la presse écrite est en train de disparaître ; Internet va bientôt tuer le journalisme (ouh!), pour ne mentionner que le meilleur.

Saturation ?

C’est vrai que le milieu journalistique est saturé. Mais pas en général, seulement par les médias de grande écoute. Les écoles de journalisme veulent trop donner forme à leurs étudiants, les privant du coup d’avoir quelque chose à dire. On ne trouve pas assez de voix belles et fortes en journalisme. Résultat, le milieu périclite. Et le rôle du journaliste devient de plus en plus perçu comme restreint par la nécessité de la « communication des faits ». Pourtant, au contraire, pour dire, il faut d’abord voir ! Les meilleurs journalistes sont trop souvent ceux qui ne sortent pas des facultés de communication. Ils ont eu des parcours originaux, d’où leur capacité d’infuser le domaine de leur richesse personnelle.

Soyez tranquilles. Apocalypse ou non, Le Délit va rester. Même s’il faut écrire le journal nous-mêmes (on dit ça comme si c’était une nouveauté), même si l’on doit rester des heures dans notre sous-sol de la rue MacTavish (où vous êtes invités tous les lundis). Le vrai milieu journalistique n’est pas saturé, il crie famine, il rêve d’un public exigeant et de gens brillants qui trempent leur plume. Pauvre comme le Christ, mal nourri, sans temps libre, Le Délit veut s’aiguiser, se sculpter, présenter un contenu fabuleux, dans le but d’attirer des gens « smattes ». Pour nous aider à faire vivre, au lieu de nous laisser survivre : un petit courriel à rec@​delitfrancais.​com serait fort apprécié. Au pire, on pourra toujours démarrer une section sports.


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